Dimanche
19 juillet 2009 : Visite du Collège !
Respectant les consignes, le lever fut fait à
07h30. Première constatation : pas d'eau, plus d'électricité. Qu'à cela
ne tienne, des chaudrons d'eau de réserve nous attendaient dans la
salle des toilettes avec quelques seaux pour l'emporter en chambre. Pas
de problèmes donc si ce n'est que le manque de bouchons d'évier nous
fit puiser dans notre imagination pour pallier à ce petit problème ! Ce
fut donc alors une corrida pour trouver de petits récipients. Enfin, on
y arriva et c'est rasé de frais mais à l'aveuglette (puisque les
miroirs avaient été emportés par des prédécesseurs sans doute) que
j'arrivai au petit déjeuner.
Je n'étais pas le premier mais pas le dernier non plus. Malgré la
saison sèche, le soleil montrait son nez à travers les nuages gris
traditionnels mais pas trop nombreux. Je remarquai à la mine réservée
de ceux qui étaient déjà là qu'un petit problème se posait. En fait, il
n'y avait que quelques tranches de pain pour 9 personnes mais en plus,
personne ne put déterminer le contenu des deux espèces de thermos
présents sur la table. S'agissait-il de café, de thé, d'un mélange des
deux ou du fond de cuve du percolateur après nettoyage ! Au fur et à
mesure de son arrivée, chacun passa le test avec autant d'insuccès que
le précédent. C'est la première fois que je rencontrais ce problème,
pourtant j'en ai fait des camps chez les scouts et à l'armée ! Enfin,
on aura quelque chose de piquant à raconter en rentrant...
On déjeuna tant bien que mal et pour boire on puisa dans notre réserve
d'eau bouchonnée.
Un premier briefing conclu que nous ne pouvions rester au collège dans
ces conditions aussi précaires. Le coup de grâce fut donné quand,
rentrant dans nos chambres nous trouvâmes celles-ci inondées suite à la
casse d'une canalisation d'amenée d'eau. Il fut donc décidé de changer
de crèmerie et de rejoindre la Procure (initialement prévue pour nous
loger) centre de logement de l'évêché équipé pour recevoir des
voyageurs dans de bonnes conditions.
Bref, le programme prévoyait une visite complète
du collège et on s'y tint. Vers 10h00, nous commençâmes par la
chapelle. Toujours aussi sobre mais lumineuse et appelant au
recueillement, on l'a parcourue avec un vif intérêt. Les Stations
n'avaient pas changé et plusieurs restèrent pensifs devant les
confessionnaux du fond (domaine du père COLLIN) qui nous rappelaient
bien des choses.
De là, nous passâmes à la
grande terrasse située au-dessus de la préfecture et d'où l'élève
désigné venait sonner le gong qui rythmait le cours de nos journées.
D'aucuns furent émus en repassant devant une classe, une salle
d'études, les labos de physique et chimie… Notre amie Bernadette se
retrouva sur l'estrade d'une des classes où elle avait donné cours
durant les années 70.
Jean-Marie retrouva la salle qu'il avait souvent
fréquentée lors de ses heures de retenue… J'ai retrouvé le banc dans le
fond de la salle d'études où je planquais le livre " le Comte de Monte
Cristo " que je dévorais à l'étude du soir jusqu'au moment où je me
suis fait surprendre par le pion.Instant émouvant quand notre
patriarche Joseph Van Belle écrivit un petit mot sur le tableau de la
classe de maternelle qu'avait fréquentée à l'époque Bernadette
DELVILLE, maman de Jérôme qui nous accompagnait et qui se trempait
ainsi dans l'ambiance que sa maman avait connue toute petite fin des
années 50.
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Nous pûmes constater que notre collège avait vachement vieilli, surtout
en façade, et qu'il avait beaucoup souffert du tremblement de terre
d'il y a quelques mois. En contrepartie, nous avons pu admirer
l'énergie développée pour faire disparaître les traces du séisme.
La tour de la bibliothèque est entièrement refaite. Celle des
maternelles est en cours de réhabilitation et l'accès à cette tour sera
bientôt terminé. Venant de la ville, les parents pourront par une route
en arc de cercle déposer leurs enfants devant l'entrée en toute
sécurité et repartir facilement sans perturber la circulation.
Retour aux sources aussi avec la visite de la salle des fêtes et la
salle de gymnastique ; que de souvenirs culturels quand on pense aux
nombres incalculables de spectacles de haut niveau qui eurent lieu ici
!
Je perdis un pari fait avec Jean Marie LIBBRECHT à propos justement
d'espaces culturels. En effet, je prétendais que l'emplacement de la
salle verte était au rez-de-chaussée et jouxtait la salle de spectacle.
Je ne me trompais qu'à moitié car si cette salle verte jouxtait bien la
salle de théâtre, c'était par le premier étage… Enfin, pari perdu, Jean
Marie aura sa bouteille de champagne ! Cette salle verte devait son nom
aux splendides tentures vertes qui la décoraient sur tous les murs du
plafond au sol. Elles ont malheureusement disparu. Cette salle était
réservée aux rhétos et poésies pour recevoir leurs homologues féminins
du pensionnat lors de manifestations culturelles et les jésuites nous
faisant confiance, nous n'eûmes aucune contrainte et nous sentions
absolument libres. A d'autres moments, moins gais ceux-là, nous y
passions les examens oraux qui nous préparèrent à ceux que nous devions
présenter en fin de rhéto.
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Revenant
sur la patinoire, nous pûmes constater que les balustrades avaient été
rénovées et ce grâce à l'intervention en grande partie de l'association
des anciens élèves du collège Alfajiri qui, à BUKAVU et à travers le
monde, a récolté des fonds auprès de ses membres, les anciens diplômés,
pour venir en aide au collège. Je rappelle que les anciens d'avant 60
participent aussi à la réhabilitation de leur collège par des actions
menées au départ de la Belgique (dons, achat de dvd racontant
l'histoire du collège de 1950 à 1959 …).
Un dernier coup d'œil sur la dernière cour intérieure qui, toujours fut
interdite aux collégiens car c'était une réserve de légumes et fruits
frais et nous terminâmes cette visite nostalgique du collège auquel
nous tenions tant. Que de souvenirs pour chacun, que d'anecdotes
remontant à la mémoire… ! |
Nous avons alors découvert les nouveautés ! Il est clair qu'en 50 ans
bien des choses ont évolué. Ici aussi on n'échappe pas à la règle, tout
d'abord l'équipement audiovisuel a suivi son temps. Bien que cela coûte
très cher, quelques salles audio-visuelles ont été installées. Ce que
nous avons connu comme salle de jeu des grands internes est devenue "
salle informatique " où l'on peut apprendre toutes les notions de base
et surfer bien sûr sur le net ! Nous avons été ravis de voir que la
modernité de notre collège ne laissait pas à désirer ! (note : Lors de
son ouverture ce fut un de nos accompagnateurs, Jean Jacques Ba
Murhandikire, qui prit les commandes de cette salle jusqu'en 2005.)
Enfin, il fallut encore avancer dans la journée, laquelle nous réserva
encore bien des surprises.
Nous sortîmes du collège comme pour aller au beach
mais nous bifurquâmes vers l'ancienne maison d'Alain et Xavier.
Celle-ci est occupée actuellement par un archevêque anglican et sa
famille. En plein office dominical, celui-ci ne put recevoir les
DELVILLE, mais les personnes présentes dans la maison les invitèrent à
repasser dans l'après-midi vers 16h00.
L'avant-midi étant quant à lui bien avancé, l'unanimité se fit parmi le
petit groupe et nous nous dirigeâmes un peu plus bas que l'ancienne
maison Duchâteau où se niche un hôtel moderne, bien caché mais très
accueillant : l'hôtel HORIZON. Nous fûmes très heureusement surpris de
découvrir un établissement d'une telle qualité et dont les prix
n'étaient pas excessifs ! Sa PRIMUS bien fraîche eut vite fait de
satisfaire nos gosiers assoiffés. Plus tard, d'autres endroits eurent
l'opportunité de nous séduire de manière similaire.
Pour 13h00, nous fûmes de retour au réfectoire du collège. Nous eûmes
l'occasion d'échanger nos impressions de l'avant midi et de … patienter
jusque 14h30 pour enfin passer à table. Décidément notre cher collège
n'est pas préparé à recevoir des visiteurs (nous y reviendrons plus
tard). Entretemps, le père deWilde, cousin de Jean Marie, était venu
nous rendre visite. Moment émouvant s'il en est car plusieurs d'entre
nous (dont Jean Marie) ne l'avait plus vu depuis 50 ans !
Je glisserai rapidement sur
le dîner pour en arriver à un événement particulier qui survint ce
jour-là. En effet, plusieurs d'entre nous furent invités à une
cérémonie d'adieu en hommage au père GALLEZ qui rentrait définitivement
en Belgique après une carrière de près d'un demi-siècle de dévouement
aux étudiants du collège. Etaient présents les membres responsables de
l'association des anciens du collège accompagnés d'autres membres
actifs. C'est là qu'une grande joie me fut donnée car j'y retrouvai
Léopold AÏSSI, premier congolais " full black " dirions-nous, a avoir
fréquenté les cours au collège en 1955. Les premiers Congolais mulâtres
avaient été admis en 1948 et beaucoup d'anciens les connaissent : il
s'agissait des frères FABRIZI. Revenons à notre ami Léopold qui tout
aussi ému que moi, me rappela nos rencontres chez les scouts, il me
rappela aussi que je lui avais appris à l'époque les premiers accords
de guitare et qu'une des chansons que j'interprétais aux feux de camp
était " le Soudard " de Jacques Verrières. Il en fredonna les premières
mesures… Nous fûmes empreints tous deux d'une émotion indescriptible. |
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Nous eûmes droit bien sûr aux divers discours rappelant combien fut
grande l'action du Père GALLEZ durant son passage au collège. Une belle
photo fut prise pour le souvenir sur les escaliers de la première cour
! Le verre de l'amitié fut servi et une fois de plus la traditionnelle
bouteille de PRIMUS circula. Le temps passant très vite, il fallut se
séparer car une partie d'entre nous devait descendre au beach, l'autre
se rendre chez l'archevêque anglican et nous avions déjà un solide
retard… Les traditions congolaises nous avaient rattrapés !
Nous voilà donc partis plein d'entrain pour retrouver ce beach mais là,
la surprise fut moins bonne… Tout le long du chemin tracé à l'époque
par le bulldozer fin 1955 et qui courait entre les quelques maisons de
professeurs, ce ne sont plus que constructions sauvages, immeubles à
plusieurs étages qui tiennent par miracle je crois au flanc de la
colline. Le parking aménagé en 58 près des installations bétonnées pour
que les parents aient plus de facilité pour venir nous rechercher
n'existe plus et à sa place : des maisons… Le collège est d'ailleurs en
procès avec bon nombre d'occupants de ces constructions sauvages mais,
corruption aidant… Je n'ose penser quel bazar ce doit être lorsque la
saison des pluies arrose tout cela ! Le plongeoir est toujours là mais
bien sûr, les planches, les tôles ondulées et tout ce qui était
métallique, tout cela a disparu depuis belle lurette. Dommage, mais
heureusement, il reste la beauté du lac qui adoucit l'amertume que l'on
ressent lorsque l'on retrouve de tels endroits saccagés ainsi. Les
appareils ont bien fonctionné mais cette fois pour témoigner de ce
qu'est l'anarchie des constructions sauvages jumelée à un urbanisme
totalement incohérent et inefficace.
17h30 : retour au collège de l'équipe beach et de l'équipe DELVILLE qui
de son côté fut reçue de manière inoubliable dans leur ancienne maison
occupée par l'archevêque.
18h00 : les bagages rebouclés c'est à la fois soulagés mais avec un
brin d'amertume que nous allons prendre nos nouveaux quartiers à la
Procure des Missions qui se trouve être sur le terrain qui vit la
création du collège en 1938 sur le dessus de la KAWA avant qu'il ne
soit construit à l'endroit qu'on lui connaît aujourd'hui depuis 41-42 :
la colline LUSHOZE, juste avant N'GUBA.
On m'attribue la chambre 4. Oh surprise, j'ai une
salle de bain avec toilette incorporée, un lit de qualité surmonté
d'une moustiquaire bleue. Une table, une chaise, un fauteuil et une
armoire penderie complètent l'ameublement. La prise de courant servit
immédiatement pour la recharge de toutes les batteries. Après ablutions
agréables, je me rendis au splendide souper qui nous attendait. Pommes
frites, frites, salades diverses, foufou, viande en sauce… tout fit
farine au bon moulin. Inutile de vous dire que la PRIMUS, la MUTZIG et
l'eau bouteille étanchèrent nos soifs. Les échanges sur les événements
de la journée fusèrent de toute part, le tout arrosé de l'humour
caustique de notre Jean-Marie en pleine forme. Le chef calma nos
ardeurs par un briefing bien structuré et vers 21h30 chacun regagna sa
tanière ayant enregistré les consignes : lever 07h30, déjeuner 08h30,
départ 09h30 !
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