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Répertoire

Nos recteurs

Elèves ayant terminé leurs humanités au Collège, p. 92 - 93

Hommage au
R.P. VAN der STRAETEN


Page 8 

41 - 42

 A la fin des grandes vacances nous arrive le premier professeur Jésuite, le P. Poelmans; en septembre 1941 s'inaugure la 4e année du collège toujours à la mission et qui comprenait les classes depuis la 8e jusqu'à la 4e. (1) En septembre 1941, le collège "Saint Charles", dirigé jusqu'alors par le Père Mosmans, devenait le "Collège S.J.". C'est que le R. P. Monnens, jésuite, prenait le gouvernail du collège en main, comme recteur. Depuis quelques mois déjà, Bukavu s'était familiarisé avec sa haute stature. On le voyait dans tous les bureaux, dans tous les magasins, sur tous les chantiers, toujours à l'affût de matériel de construction pour son nouveau collège. A ce moment, la première aile des chambres d'élèves sortait à peine de terre. (2)
Le 19 septembre, le nouveau recteur attendait quelques 35 internes. ils arrivaient... au compte gouttes, par mer (si le charmant lac Kivu mérite ce nom), par la voie des airs. . les uns aujourd'hui, d'autres le lendemain, quelques-uns seulement le surlendemain... On est au Congo. (3) On s'embarque pour la nouvelle année scolaire sans tarder, sans attendre les retardataires. En effet, le lendemain, 20 septembre, quand le chauffeur a déversé sa charge vivante d'externes, tout le monde est embrigadé. à partir de nos " rhétoriciens " de 4e latine jusqu'aux moutards de 8e préparatoire. Les " anciens " gardent une prudente réserve... Qu'est-ce qui va se passer ? Ils ont entendu dire : " Les Jésuites reprennent la direction du collège ". Or ces mots étaient prononcés sur les tons les plus différents, avec des accents très variés, de l'attente intriguée jusqu'à la résignation la plus totale. Les "nouveaux" tâchent de se retrouver parmi tous ces bâtiments, éparpillés selon un ordre un peu désordonné... (4) Mais après quelques jours de flottement et de tâtonnement, comme cela se voit dans tout collège qui recommence, notre voilier vogue joliment. La consigne est donnée, dès le début, claire et nette: " Il faut qu'on travaille comme en Europe ". Le Père Recteur n'y va pas de main morte et tout le corps professoral marche derrière lui. Il faut évidemment un certain temps pour mettre en branle une cervelle de jeune colonial, qui sait beaucoup mieux comment dépanner une voiture que comment disséquer César. Mais il faut bien... on est là pour stimuler les paresseux. Le Père Recteur disparaît de la Mission dès 9 heures pour activer le travail au chantier de Nya-Lukemba; mais malgré cela, on sent errer partout et toujours son regard observateur, fureteur même. On ne rigole pas avec lui: gare à celui qui est " appelé par le Père Recteur ". (5) Après quelques semaines, sinon des mois, la résignation au travail fait place à un emballement, au moins chez les vrais des vrais. Si les mathématiques n'ont pas beaucoup de fervents, au moins les cours de mathématiques ne manquent pas de charme.... non-mathématique. On risque même des méthodes très avancées d'école... "active": quand toute la bande de 7e et 8e va faire du dessin " d'après nature ". Un spectacle merveilleux qui prouve les origines simiesques de l'homme, car après quelques minutes, les jeunes dessinateurs sont perchés. pour la plupart, sur une branche d'arbre. Les documents ne disent pas si les dessins ont été réussis. (6) Mais alors... travaille-t-on réellement ? Eh bien, l'inspecteur tant appréhendé, n'a pas eu trop à critiquer lors de sa visite des classes. Ici les documents sont formels. Et un autre critère, moins solide cependant, est que les élèves bougonnaient bien de temps à autre. " On a si peu de congés "... " On a tant de travail ". Ils trimaient, c'est entendu. Mais les professeurs encore plus, vu qu'ils devaient continuellement donner un coup de main à gauche et à droite. Personne n'avait le droit d'être malade. (7)

Dans ce petit collège, encore provisoirement installé à la Mission, régnait une véritable atmosphère de famille, un legs que le Père Mosmans avait pu laisser grâce à son travail patient des années précédentes. Parfois, il fallait serrer la vis, chose normale dans un collège grandissant mais mesure totalement incompréhensible pour un jeune colonial qui ignore les éléments de la discipline. D'où inévitablement des heurts de temps à autre, mais . . 0n reste " bons amis " quand même. (8)

Et si l'on s'amusait... dans le bois de sapins, ou aux parties de "drapeaux", disputées héroïquement et âprement... (on savait courir alors), ou à la Botte! Et du cinéma ? ah, là, là... II fallait des ruses de Sioux, mais de diplomate avisé et d'avocat déluré pour obtenir du Père Recteur ces innocentes séances de Pathé-Baby au réfectoire des Pères. Qui ne se rappelle pas " Belphégor " ? (9)

Durant toute l'année, une grande, une immense attente planait sur tous. Le Père Recteur avait annoncé, au début