Une tradition,
combien sympathique, voulait que de temps en temps, après
la pluie, les élèves se rencontrent torse nu sur
la grande plaine de jeux pour s'affronter avec des boulets de
potopot. Les deux camps " se rentraient dedans ", que
c'était un plaisir Plus on était dégoulinant,
mieux ça valait Ces combats épiques se terminaient
sous la douche dans les chambrettes Mais, d'année en année,
ces bouo-machies s'étaient civilisées. Les combats
eurent lieu le soir, entre des lignes de barbelés, et
on se mitraillait à coup de carottes de mais, enflammées,
trempées au préalable dans l'essence! Ce sport
devenait de plus en plus subtil aucun raffinement n'y manquait
pour tromper l'adversaire Le plaisir que ces ébats procuraient
aux internes faisait pardonner les petites imprudences et les
accidents inévitables Car il y en eut un élève
dût être transporté d'urgence à l'hôpital,
après s'être taillé une belle échancrure
dans la cuisse ! (6)
Mais il y avait aussi les " Jeux-de-nuit ". Les élèves
partaient après le souper s'amuser dans la brousse, aux
abords du collège pour commencer, mais plus tard, jusqu'au
pont de Shangugu tantôt Américain, tantôt
russe, tantôt Nordiste, tantôt Sudiste, Chinois ou
Japonais. L'acharnement restait le même à défendre
les couleurs de son groupe (7)
Qui oubliera les excursions de ce temps-là ? On allait
de plus en plus fort, de plus en plus loin et jusqu'aux volcans
du Nord-Kivu. Le P Védé-A avait inauguré
les ascensions! Il donnait durant les récréations
des cours d'alpinisme dans les eucalyptus du petit bois, qui
devait disparaître plus tard pour faire place à
l'aile des Modernes (8)
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Mais le clou
fut et restera sans doute, la fameuse excursion au nouveau champ
de lave de Sake. En effet, au début de 1948, le Nya-Mulagira
eut la bonne idée d'entrer en éruption et le Père
Recteur accorda à cette occasion un congé-extra.
Les cinq camions partis en chantant, rentrèrent trois
jours plus tard en chantant. Certains anciens (comme Georges
Parez et Guy Puffet) disposaient vraiment d'un répertoire
et de poumons inépuisables. Mais le " clou du clou
" fut la nuit où nous assistâmes, du sommet
d'une montagne voisine, à l'éruption du volcan
en pleine activité, aux jets de lave incandescents, à
la longue traînée de lave s'étendant du sommet
du Nya-Mulagira jusqu'au lac Kivu, véritable avenue de
feu. Ceux qui ont vécu ce moment dantesque ne l'oublieront
jamais! Emerveillé par ce feu d'artifice, tout le monde
se taisait, et ce n'est que tard dans la nuit, à deux
ou trois heures du matin, que nous nous endormîmes sur
des bottes de matiti dans la Mission toujours si accueillante
de Bobandana ! (9)
A côté de ces jeux, de ces excursions, il y avait
les nombreux " clubs " ... club d'astronomie, sous
la direction de Léon Ménager: club de Minéralogie,
qui devait donner naissance au riche musée du Collège;
club de peinture, qui organisa, à la surprise de tous,
une très belle exposition à la fin de l'année;
club d'alpinistes, et j'en oublie. Tous ces clubs avaient leur
propre local dans les dortoirs. Bref tout le monde avait l'occasion
d'exercer son "hobby" durant les récréations
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