Pages
4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95

Répertoire

Nos recteurs

Elèves ayant terminé leurs humanités au Collège, p. 92 - 93

Hommage au
R.P. VAN der STRAETEN


 Page 36

51 - 52
Dans ce collège en pleine évolution, pas de rentrée sans changements ou innovations. Les surprises cette année étaient nombreuses. La jonction entre le bâtiment des Humanités et l'aile des Préparatoires était chose faite; avantage très appréciable dans une région où il pleut abondamment. D'autre part, une aile entière venait d'être aménagée pour les Sciences. De la préfecture à la grande Salle s'étendaient successivement le Musée de Sciences Naturelles, la Physique, la Biologie, la Chimie. Cette installation nous fut accordée par le Gouvernement en raison de l'enseignement éminent de notre professeur de Sciences, le P. Omer Van de Vijver. Elle était équipée d'appareils les plus modernes et restera un sujet de fierté pour le collège. Peu d'établissements secondaires, même en Belgique, peuvent se prévaloir d'un équipement semblable. Mais c'était surtout les installations ultramodernes de la cuisine qui retenaient l'attention des internes et de leurs mamans. " Ça alors, disaient les gars dans leur noble langage, ce qu'on va bouffer! " Durant les vacances, le Frère Bracaval n'avait ménagé ni travail ni peines! Installation mazout-électricité de la Firme Auxial. Lorsqu'on passa la commande à l'usine, les responsables avaient prévu l'envoi éventuel d'un technicien spécialisé pour la monter. Mais, à leur grand étonnement, le Frère se débrouilla tout seul. Il avait juré que tout serait prêt pour la rentrée - ce qui fut fait -. Il alla chercher lui-même les immenses caisses à Kindu, trima jour et nuit, et dormit plus d'une fois sur les tables du réfectoire, converti pour les besoins en atelier. Parmi ces installations. .. c'est évidemment " la friteuse " qui avait la cote d'amour. L'année commençait donc sous bon augure. Sur les 575 élèves que comptait le collège, il y avait 300 internes à nourrir, sans compter la communauté des professeurs, pères et laïcs. (1 )
Au second trimestre on coula la dalle du premier basket et ce travail achevé, bulldozers et niveleuses entrèrent en action pour enlever le talus à l'extrémité de la cour. L'immense bâtiment poussera un nouveau tentacule : l'aile des Humanités, depuis la Salle de géographie jusqu'à l'avenue du Régent. (2)
Le départ des PP. Croegaert, Peeters, Somers et van der Straeten était regretté de tous, en raison des services qu'ils avaient rendus dans de nombreux domaines, mais aussi pour leur attachement " à la cause ". Heureusement, trois d'entre eux rappliqueront à Bukavu après leur théologie. Entretemps ils étaient remplacés par les PP. J. P. de Wilde, W. De Craemer, Fr. Boon et Guy Verhaegen. La section flamande était renforcée par M. Holemans. Les Préparatoires par le Fr. Alphonse et en fin d'année nous arrivera la famille Mortier. (3)
Les activités de 51-52 débutèrent par une cérémonie religieuse. La Cathédrale de Bukavu était achevée et on l'inaugura le jour du Christ-Roi. A cette occasion, un coeur de 200 chantres exécuta la Messe du Christ-Roi de De Vocht

et termina par un vibrant "Chez nous soyez Reine" en l'honneur de Notre-Dame de la Paix, patronne de la ville. Modeste contribution des élèves à côté des dons généreux offerts par leurs parents pour l'érection de ce monument, témoignage de leur foi. (4)

En présence de tous les élèves réunis devant le perron d'entrée, M. Georges Nef, architecte et bienfaiteur émérite du collège, reçut des mains de S. E. Mgr Cleire, la décoration de Commandeur de l'Ordre de St Grégoire pour services rendus à l'Eglise et en particulier à l'enseignement au Congo. Nos anciens se souviendront des paroles émouvantes qu'il leur adressa. Tous connaissaient M. Nef, qui habitait depuis longtemps au collège, et qui en avait dessiné tous les plans. Les plus " durs " se laissèrent émouvoir par sa conviction religieuse et par son message marial. (5) L'année si bien commencée allait, hélas, être endeuillée par deux décès à quelques jours d'intervalle. En novembre, le petit Jean-Claude Bracaval se noyait au beach du collège sous les yeux de ses camarades et du P. Surveillant, impuissants à le sauver. Le P. Cuypers et le Fr. Bracaval roulèrent jour et nuit à travers la forêt du Maniema pour porter la triste nouvelle à ses parents et leur remettre le corps de leur enfant chéri. Trois jours plus tard, Guy Masfranckx mourait du typhus à l'hôpital. Ce grand et solide garçon de 3e Economique était devenu en quelques heures un cadavre ambulant. Son cas était aussi tragique que celui du petit Bracaval. Sa maladie avait-elle, de fait, été contractée par une puce de chauve-souris durant l'excursion aux grottes de Katana ? Oui le dira ? Sa maman, alertée d'urgence, était partie de Watsa avec le premier avion. Elle arriva juste trop tard pour le revoir vivant. Guy Masfranckx mourut tandis que le P. Recteur et sa Maman roulaient à toute allure de la plaine de Kamembe à l'hôpital. Les condisciples se relayèrent toute la nuit auprès de sa dépouille mortelle. Son enterrement fut aussi émouvant que grandiose. Jamais, peut-être, la solidarité qui régnait entre les élèves, ne se manifesta avec une telle ardeur. Le cortège qui accompagna Guy au cimetière émut toute la ville. Les grands voulurent que son sourire rayonnant illumine la salle de récréation et sa photo y pendit bien longtemps. L'année n'était pas encore achevée, qu'une troisième tragédie devait se dérouler. La petit Christian Horion fut arraché à l'affection de ses parents par un éboulement à la Botte, au moment où il attendait le bus pour se rendre en classe. Vraiment, Dieu nous éprouvait durement cette année. (6)
Mais un collège ne vit pas du souvenir des morts, si chers soient-ils. La vie continuait, devait continuer. Le 8 décembre, jour anniversaire de la fondation, le P. Recteur bénit solennellement le nouveau drapeau du collège avant la Messe célébrée au pied de la grotte. Symbole du collège et de son esprit, ce drapeau sera désormais transmis de Rhétorique à Rhétorique, comme le flambeau sacré de la Victoire.