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Répertoire

Nos recteurs

Elèves ayant terminé leurs humanités au Collège, p. 92 - 93

Hommage au
R.P. VAN der STRAETEN


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D'autre part le P. Croegaert était revenu à la préfecture et on était assuré qu'avec lui le collège garderait, autant que faire se peut, les bonnes traditions d'autrefois en matière de discipline et de " parascolaire." Mais bientôt il cumulera avec la préfecture, la fonction de titulaire de 3° Latine. Le P. Lorent remplaça le P. Cuvelier comme surveillant. Sa division n'était pas nombreuse, mais il sera chargé de divers cours et se rendra très méritoire pour la formation liturgique et le théâtre. Les PP. Erkens, Feys et Mercelis avaient remplacé les PP.Feyen, Van Nuland et D'Huyvetter. (5)
Tout en comprenant la décision des professeurs qui ne revenaient pas, le collège était profondément affecté du départ de si fidèles collaborateurs. Certains comptaient plus de 10 ans de bons et loyaux services. On peut en dire autant de M. et Mme Edgar François qui avaient mis notre campagne en valeur et l'avaient si bien entretenue. Le déchirement était le même de part et d'autre, (6)
Mais que dire des élèves ? Les liens sacrés qui les unissaient entre eux et au collège étaient brutalement rompus. En parcourant les pages précédentes, on comprendra ce que cela veut dire. (7)
Rendons hommage aux collèges S.J. de Belgique qui les accueillirent si fraternellement, mais en particulier au Collège St. Michel de Bruxelles, qui devint le "centre d'accueil" des jeunes coloniaux, sous la direction si compréhensive du P. Moers. Les rhétoriciens des quatre coins du Congo fraternisèrent dans la classe du regretté P. Jos. Lemaire, ancien de Léopoldville. Les nombreuses lettres qui nous parvinrent de Bruxelles, témoignaient universellement du chaleureux accueil, qu'ils y reçurent. (7) Présage ou non, mais le jour de la rentrée, se produisit un inquiétant tremblement de terre. La croix au-dessus de la préfecture oscillait comme une aiguille! Quelques plâtrages dégringolèrent dans les barzas. Entretemps, M. Puype, qui était occupé à renouveler la toiture de la chapelle, contemplait, imperturbable, ce tchamoukage. Car, malgré les troubles, on poursuivait les travaux en cours. (8) M. Zaman, qui était le premier professeur laïc à revenir, récolta durant la proclamation une ovation de la part des élèves et un compliment du P. Recteur. L'année scolaire commença et les autres professeurs revinrent selon les possibilités-avion. Le mot d'ordre du P. Recteur pour cette année fut: "Tout comme avant". Et bien que les élèves des classes supérieures ne fussent pas nombreux, le Victory était engagé dans un championnat, Orientation paraissait et on préparait déjà une pièce de théâtre. (9)
Les autorités civiles et religieuses voulurent remercier N.-D. de la Paix pour la protection qu'elle avait accordée à la population de Bukavu. Une grande procession traversa la ville, de la cathédrale jusqu'au collège, dans laquelle marchait tout le détachement de l'O.N.U. (des Irlandais) récemment arrivé. Au mois de novembre s'ouvrirent au collège des " Cours de Perfectionnement " pour compléter la formation générale et professionnelle des agents de
l'Etat, qui avaient remplacé au pied levé les fonctionnaires belges. Ils se donnaient à l'Etude des externes et étaient fréquentés par plus de 200 candidats, sous la direction d'une dizaine de professeurs, parmi lesquels: le P. Jansen, MM. Geerts, Beyaert et De Waele, (10)
Bientôt les Onusiens irlandais furent remplacés par des soldats nigériens. Ceux-ci établirent leur camp à l'extrémité du bâtiment des Primaires, converti en caserne, Le collège n'accepta cette décision qu'à contre-coeur. D'une part, c'était une protection contre des difficultés éventuelles: d'autre part cette occupation pouvait tourner au tragique en cas de conflit avec l'armée nationale. Les élèves n'avaient guère de contact avec les Nigériens, si ce n'est pour des matches amicaux, mais plus d'une fois les cours furent interrompus pour aller assister à leurs parades militaires. La fanfare ornée de peaux de léopards, faisait un tel vacarme qu'il était quasi impossible de donner cours. Les élèves ne le regrettaient nullement. (11) Alors que le P. Recteur venait d'accorder un jour de congé pour le 700e élève, que tout tournait rond en classe et en division, que le Victory venait de remporter le " tournoi international " organisé par l'O.N.U., que séances de cinéma et matches continuaient comme avant, tout à coup le drame se produisit. Les mitraillettes de l'O.N.U. se mirent à crépiter contre l'armée congolaise pour libérer la mission médicale autrichienne de la prison. Le jour de Nouvel An, on se réveilla au son des mitrailleuses et des canons, qui bardaient au camp Saïo. Quelques jours plus tôt le président Miruho et son gouvernement avaient été arrêtés et déportés à Stan, et Bukavu tomba sous le régime de Kashamura. Puis les événements se suivirent à un rythme accéléré: attaque d'un groupe déchaîné de Bakusu contre la mission et assassinat d'un Père Blanc, le P. De Vos ; arrestations arbitraire (3), violences et vexations, réquisitions et confiscations, furent le contrecoup de l'assassinat de Patrice Lumumba et entraînèrent le départ précipité de beaucoup d'Européens. Bukavu faisait sa crise. Tout semblait remis en cause, le Collège y compris. Il nous faut relever ici l'attitude exemplaire durant cette période de deux médecins, intimement liés à la vie du Collège comme aux Missions: le Dr Delville et le Dr Schyns. Tous deux se révélèrent pour malades et blessés des sauveurs héroïques, comme il ne s'en découvre qu'au sein des tragédies de l'Humanité. En que1ques jours de temps le nombre des élèves tomba de 700 à 436, celui des internes était réduit à 50. Dans les classes supérieures on pouvait compter les élèves sur les doigts, et les quelques élèves de St. Paul se réfugiant au collège pour échapper aux incidents de Bagira ne changèrent rien à l'affaire, De sombres nuages planaient sur le collège et cependant, malgré les menaces, les cours se poursuivaient, comme de coutume. (12)
Le gouvernement et la population de Bukavu ne rendront jamais assez hommage au P. Croonenberghs d'avoir été dans ces pénibles circonstances le soutien de tous et, vraiment le sauveur du Collège.