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Mais ce n'était pas là "notre" œuvre,
celle dont, déjà, on parlait sous le manteau. On
savait que les talents dramatiques de M. Heyman manigançaient
une surprise! De fait, un beau soir, dans la salle des Grands,
des élèves interprétèrent une pièce
écrite à leur intention par un professeur. Pièce
ésotérique, à tendance symbolique, donc
difficile d'accès, mais combien profonde et pleine de
résonances ! " La Ruine " de M. Heyman, nous
donna un goût de théâtre d'avant-garde, rive
gauche et Quartier Latin. (3)
Plus classique de facture, plus abordable et touchant un public
plus large: " Des Hommes comme les autres ". Trois
fois, à salle pleine, la pièce fut jouée
avec un succès toujours croissant. Drame psychologique
délicat, puisqu'il décrivait les réactions
du soldat noir dans l'armée américaine, mais qui
fut enlevé avec un tel brio, qu'aucune fausse note ne
vint assombrir l'éclat de sa réussite. M. Ansieau,
Ivan Collumbien, Luc Van Mossevelde, Pierre Saillez, Serge Tripepi
et, last but not least, Jean-Marie Gille, assuraient une interprétation
homogène d'un texte parfois dur et touffu, grâce
au perspicace et persévérant talent du régisseur,
le P. Jacqmotte. (4)
Début mars, les Grands s'en allèrent escalader
le Niyaragongo. Que pareille escapade est vite évoquée
! En réalité, ce fut plus complexe et vraiment
mémorable. Camion toussotant et lunatique à la
vue de chaque escarpement, autorisation d'ascension refusée
en dernière minute, mais accordée en dernière
seconde à Rumangabo, montée malgré tout
assez dure, spectacle dantesque du cratère en fusion,
relax hawaïen à la plage de Kisenyi, rivière
débordée et route impraticable au km 101, qui nous
obligea à un bivouac improvisé et humide où
nous soutint une invincible et fidèle bonne humeur. (5)
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Quelques jours
plus tard, le Collège recevait en grande pompe, le Roi
Léopold et la Princesse Liliane qui laissa, tout particulièrement
chez les rhétoriciens, béants et transportés
d'admiration lyrique, une impression de charme merveilleux. (6)
Côté sports, le Victory remontait régulièrement
une pente glissante, tandis qu'en Basket l'équipe du Collège
faisait des prouesses et que le Volley nocturne connaissait,
dans la salle de gymnastique, une affluence de supporters déchaînés.
Au mois de juin eut lieu la F. F. F. (Fantastic Fancy Fair),
en vue de financer les travaux de la chapelle du P. Ministre.
Longuement préparée, minutieusement fignolée:
réalisée avec une imagination multiple et intarissable,
elle connut le succès des grands jours. Stands envahis,
bars assiégés, restaurant occupé de pied
ferme, labyrinthe du désespoir, (ô tanière
nocturne et infatigable du grand Marabout !), train liliput aux
remorques Otraco évoquant le Bruxelles-Malines de 1835,
soirée de variétés, toutes les astuces des
grandes kermesses populaires avaient attiré une foule
innombrable et sympathique qui laissa sur le carreau des souvenirs
sonnants et trébuchants dont la cathédrale en construction
avait un impérieux besoin. (7) A la Distribution des Prix,
Christian Remy reçut la Médaille d'Or. Nous quittait
également Pano Zottos, l'infatigable rédacchef
d'Orientation, l'indispensable machiniste du théâtre,
le dévoué dépanneur de tous les cas désespérés
(ce sont les plus beaux !...). La fin de l'année n'avait
pourtant pas été sans alerte. Jean-Claude Frère,
élève de Cinquième Moderne, d'abord indisposé,
puis fiévreux, puis délirant, fut transporté
d'urgence à la Clinique où l'on ne put que constater
une méningite aiguë. Ses parents habitaient à
l'autre bout de Kivu, entre Nizi et Kilo ! Avertis par câble
urgent, ils arrivaient après un voyage hallucinant, au
moment où leur garçon se débattait entre
la vie et la mort. Grâce au traitement énergique
que décida le Dr Kozanecki, le malade fut finalement sauvé,
après des jours de terrible anxiété. Durant
les grandes vacances rentrait en Belgique, le P. Vandermeersch
qui avait donné la Rhétorique durant un an, en
remplacement du P. Jansen. Sa cordialité, sa bonne humeur
constante et joviale, la simplicité de son accueil direct
lui avaient conquis toutes les sympathies. Il est resté
pour ses anciens un ami sûr, un guide compétent,
un contact enrichissant. (8)
Pendant ce temps, on s'activait à la dernière mise
au point du stade d'athlétisme. Mesuré au cordeau
d'après les normes internationales les plus sévères,
construit avec les dernières ressources du métier,
dans un spectaculaire déploiement de bennes, bulldozers,
pelles mécaniques et niveleuses, capable d'aligner toutes
les compétitions classiques, il fut solennellement inauguré
en octobre 1957, par une compétition interscolaire, impeccablement
organisée par M. Claeys, où le Collège se
tailla de beaux succès, grâce au dévouement
de notre entraîneur, M. Westhovens. (9) |