Le
théâtre de l'Union Culturelle présenta Ponce
Pilate " de Raynal et "Andromaque " de Racine,
Le Théâtre de Poche (de Paris) présenta e.a.
l'opérette " Ventriloque " de Landowski, Les
" Jeunesses Musicales " régalèrent les
élèves des établissements scolaires d'un
concert intitulé " Musica polyphonica " et d'un
récital du pianiste Waeyenbergh. (19)
Le 30 juin
le Congo accéderait à l'Indépendance. Comme
on ignorait si ces journées apporteraient des troubles,
ou non le Gouvernement décida, par mesure de prudence,
d'écourter l'année scolaire. Le Collège
ne voulut cependant pas frustrer parents et élèves
de la Distribution des Prix. Sous la savante régie du
P. Jansen, les élèves de Rhéto présentèrent
une adaptation du 5ème tableau du "Voyageur sans
bagages" d'Anouilh. (20)
La Brabançonne
qu'on exécuta à la fin de cette année scolaire,
avait pour les coloniaux une résonance tragique. Beaucoup
l'écoutèrent les larmes aux yeux. (21) Puis on
se sépara, sans savoir qui on reverrait. Le tout dépendrait
des circonstances. (22)
Les jours qui
précédèrent l'Indépendance, l'optimisme
de part et d'autre était à son maximum; le Roi
viendrait à Léo, le Gouvernement congolais signerait
un traité d'amitié avec la Belgique. D'un bout
à l'autre de Bukavu, les drapeaux congolais... et belges...
unissaient leurs couleurs. |
Les Pères,
nos externes et leurs parents, le tout Bukavu, se réconciliait
à la cérémonie officielle, qui eut lieu
à la
Kawa. Lorsque le Gouverneur Borlée eut procédé
à la passation des pouvoirs au Président Miruho,
que je drapeau belge eut été ramené et le
drapeau congolais hissé à sa place, des acclamations
délirantes fusèrent de tous côtés.
La population blanche était mélangée aux
indigènes et tout le monde fraternisait. Bukavu n'avait
plus connu pareille atmosphère depuis des mois. Vraiment,
les pessimistes avaient eu tort. (23) Comme de juste, le
Gouvernement avait accordé un congé de trois jours,
pour fêter ce jour historique. Donc, pas de boys au Collège!
Ce congé du personnel eut un revers cocasse, digne de
figurer à la page de l'humour. Corvée pour tous:
préparer le tchop, patatejas, dresser la table et faire
la vaisselle. A ce show on pouvait voir M. Van Boxelaer en sarrau
kaki plonger les plats dans l'eau chaude, le P. Van Nuland diriger
les opérations de la machine électrique, les plus
dignes (le P. Recteur en tête) frotter les assiettes, M.
Van der Vorst, pipe en bouche, récurer la cuisine à
fortes eaux avec le P. Ministre. M. Weynen et le Fr. Prouvé
reçurent deux heures de retenue pour "chahut excessif".
Ce vaudeville dura trois jours et personne ne voulait le manquer.
L'atmosphère était "du tonnerre". Jamais
les boys ne firent tant de bruit, mais jamais la vaisselle ne
fut plus propre... et pas une assiette cassée! (24) |