Depuis le départ
de Mgr Monnens, le Collège avait connu quatre recteurs
ou vice-recteurs. Il était temps que cette situation se
stabilise. Personne cependant ne pouvait prévoir ce que
représentait la nomination du P. Croonenberghs à
Bukavu. Il y fera deux "termes", comme disent les coloniaux,
et méritera à juste titre le nom de " second
fondateur". (1)
Dès son arrivée, il prit le collège en mains:
les études, l'éducation, les constructions. Sous
son premier rectorat le Collège doublera presque en superficie-bâtie.
Une fois de plus, les coloniaux ne cachaient pas leurs appréhensions
de voir confier un collège colonial à un Père
qui n'avait jamais mis les pieds au Congo. Ces appréhensions
se justifiaient du fait que les coloniaux avaient trop souvent
été victimes de l'incompréhension de l'administration
métropolitaine envers les problèmes toujours nouveaux,
sans cesse dépassés, qui se posaient sur place.
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Mais les parents ne tardèrent pas à reconnaître,
et bientôt à admirer les qualités éminentes
du nouveau Recteur : son esprit d'adaptation, son dynamisme,
son énergie et sa largeur de vue. On découvrit
bien vite les qualités de chef, mais aussi les qualités
humaines, qu'il possédait. Le P. Croonenberghs prendra
le gouvernail de " Stella Duce " solidement en mains,
et cette fois il y avait un pilote à la barre. (3)
L'année 49-50 commençait donc sous les meilleurs
auspices; un peu en retard, sans doute, puisque les cas de polyomélite
nous avaient forcés à retarder encore la rentrée
de 15 jours. Entretemps, le P. Meulenyzer avait regagné
la Mission de Kisantu et les PP. Van der Auwera et Vivex étaient
allés poursuivre leurs études à Louvain.
Les PP. 0. Van de Vyver (sciences-math.), J. de Crombrugghe (Moyens),
Bertrand (seconde) et Peeters (5e lat.) les avaient remplacés.
Deux nouveaux FF. Maristes étaient venus s'ajouter. (4)
Innovation cette année": l'ouverture de la Section
Flamande. Elle répondait à la demande des parents
flamands, toujours plus nombreux, désireux de voir éduquer
leurs enfants dans leur langue maternelle. Cette section débuta
par la 7e préparatoire. Dès l'année suivante,
elle s'étendra par le bas et par le haut, de manière
à former bientôt un cycle complet. (5)
Mais voici que reparaissait, après une éclipse
de trois ans, "Orientation". La revue avait été
fondée en 1945 par le P. Cauwe, et un groupe de "
vieux de la vieille", Kranen, Fierlafijn et le regretté
Pierre Morel, dont nous devions apprendre la mort accidentelle
à la parution du 1er numéro de cette nouvelle série.
La revue avait cessé de paraître parce qu'en 45
trois revues se disputaient le marché du collège:
" Orientation ", qui était la revue de la JEC,
" Gentleman de Dieu " d'un groupe d'indépendants
et " Chevalier", la revue des Scouts. Aucune ne voulait
céder le pas à la concurrence. Gang et anti-gang
se dressaient l'un contre l'autre, comme les partisans de Milon
et de Clodius. Entretemps les esprits s'étaient apaisés.
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A partir
de cette date, " Orientation " deviendra l'organe officiel
du collège. En dépit des sceptiques, qui prédisaient
une mort à brève échéance, la revue
paraîtra régulièrement et sans interruption,
à raison de 5 à 6 livraisons par an. La direction
en fut confiée au P. Préfet et à un groupe
de fervents : André Fonsny, Etienne van de Walle, Paul
Vleminckx. Ils lui imprimèrent son caractère définitif.
La revue connaîtra sans doute des améliorations
dans la mise en page, la présentation, les couvertures;
les pages en couleurs, mais elle gardera au cours des années
ses rubriques désormais classiques: articles de fond,
scoutisme, vie de Divisions, football, humour, etc... Comme tout
ce qui réussit, la revue connut des difficultés
au démarrage : elle déménagea en un an trois
fois de local et le comité proposait de la composer dorénavant
dans une roulotte. Elle trouvait son plus solide appui chez le
P. Recteur, mais aussi dans la publicité et chez l'infatigable
Dupond (Fr. Joosen), qui peut se vanter d'avoir tourné
presque tous les numéros. Qui comptera jamais les heures
qu'il a passées à stenciler cette revue! Des tonnes
de papier! Mais sa serviabilité ne se démentit
jamais, même lorsqu'au dernier moment, la rédaction
venait avec des retouches et des nouvelles de dernière
minute. (7)
La revue ne sera pas seulement le kaléidoscope fidèle
de la " vie du collège ", notre Stellavox, mais
elle trouvera auprès des élèves et de leurs
parents, un accueil toujours plus chaleureux. Que de fois n'avons-nous
pas recueilli de la bouche des élèves: " Quand
paraît Orientation ? " Pour " Ceux-du-Comité
" que de souvenirs! Vraiment, parmi les plus beaux de leur
jeunesse: Soirées passées au local à "
discuter le coup ", à tirer parti de "la toute
bonne ", à dessiner, à poinçonner,
à taper des stencils.... avec tous les petits à-côtés
que ce métier d'éditeur-en-herbe pouvait comporter:
local enfumé, et le doux agrément de savoir "
les autres " à l'étude ou au lit. Rien de
plus agréable pour un élève que de se rendre
utile, voire indispensable, à son collège, tout
en resquillant par la bande! Last not least, c'est grâce
à la revue qu'il est possible d'offrir aujourd'hui aux
Anciens cet Album jubilaire. (8)
Saison bien chargée pour la Salle, où nous relevons
une séance de mimes par Marcel Cornelis, Directeur du
Théâtre National de Belgique; un récital
des oeuvres de Chopin de Madame Van der Vorst; un récital
de chant de Lina Dauby, du Concertgebouw d'Amsterdam; deux conférences
de l'essayiste français Maurice Bédel; une "
Kerstfeest" du très actif Vlaamse Vriendenkring;
trois soirées de chant du groupe Arya Kunyu, Girl-Guides
de Baroda (aux Indes), un très réussi " Orphée
et Eurydice ", premier opéra présenté
à Bukavu par le groupe dynamique que dirigeait Monsieur
De Waele; un récital de violon de Marcel Bady; une séance
théâtrale d'André Frère et son groupe;
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