A Pâques,
nouveau changement de décor: on occupe finalement les
classes définitives jusqu'au bureau du P. Préfet.
Malgré ces pérégrinations, les cours, le
travail de classe ne traînait pas. Le P. Mosmans, préfet
des études, y veillait de près; il trouvait une
solution, originale parfois, aux mille et un problèmes
qui se posaient. De la part des élèves, il fallait
une solide dose de concentration intellectuelle pour ne pas être
absorbés par le chantier environnant. On maçonnait,
on terrassait, on sciait (pas en classe, c'est entendu), on frappait
dans tous les coins de la maison: en haut, en bas, à gauche,
à droite. César était en train de démontrer
que les Belges sont les plus courageux parmi les peuples de la
Gaule, quand tout à coup un de ses descendants faisait
résonner des jurons jusqu'au fond des forêts de
Gaule. (8)
La vie sportive
n'a jamais fait défaut au collège. La modestie
néanmoins nous incline à passer sous silence les
nombreuses victoires remportées au football contre le
K. F. C.. Ce palmarès ne serait certes pas aussi brillant
quelques années plus tard. (9) Les excursions ont toujours
été à la mode. Kahuzi, Nyamulagira, Karisimbi.
Dans nos jeux, nous n'étions arrêtés d'aucun
côté:pas de champ de course, (du moins pas là
où il se trouve aujourd'hui), ni de maisons entre le collège
et la ville; la pointe de la presqu'île Dierckx présentait
tous les avantages: le petit bois a vu des parties de drapeau
héroïques; après quoi, un bain merveilleux
pour grands et petits. Maintenant que le collège est entouré
de constructions, tout cela est impossible. (10) Nous vivions
à distance du théâtre de la guerre et cependant,
elle nous jouait parfois des tours. La troupe scoute avait perdu
son chef Antilope, mobilisé à la Force Publique.
Le commandant de la place venait chaque semaine donner ses instructions
à nos aînés, les paramilitaires comme on
les appelait. Les constructions et l'équipement du collège
étaient retardés par les circonstances de guerre.
Sans parler de la tension qui régnait parfois au sujet
des nouvelles de la guerre. (11)
Heureusement,
les petites fêtes venaient régulièrement
égayer l'atmosphère. On avait ni grande salle de
fête, ni théâtre, ni éclairage moderne.
Mais il y avait des joueurs, des farceurs, des coulisses de fortune,
un éclairage primitif grâce aux lampes Colman. Avec
tout cela, on parvenait à donner des soirées bien
agréables. La proclamation de fin d'année réclamait
une allure plus académique. A cette occasion, nos acteurs,
stylés par le P. Mosmans, présentèrent "
Les Fourberies de Scapin " dans le théâtre
de verdure chez M. Dierckx. (12) |