A la rentrée
47-48, un nouveau Recteur attendait les élèves,
le P. Paul Thienpont, ancien recteur des collèges d'Anvers
et de Bruxelles. L'Enseignement ayant décidé que
les professeurs laïcs engagés dans les établissements
subsidiés devraient dorénavant être porteurs
de diplômes officiels, Monsieur Modave et l'ingénieur
Stevens furent obligés, malgré leur compétence
et leur expérience, de quitter le collège au grand
regret de tous. D'autre part messieurs Van der Wilt et Zaman
arrivèrent de Belgique pour y commencer leur enseignement.
Tous deux s'imposèrent bientôt par leur talent et
leur dévouement. Monsieur Van der Wilt éleva d'année
en année le niveau des mathématiques et les résultats
qu'obtinrent les élèves de Scientifiques à
l'Université furent brillants. Exigeant peut-être,
mais grand travailleur lui-même, il appartenait à
cette catégorie de professeurs qui se consacrent corps
et âme à leur classe. Grand amateur d'Histoire et
admirateur de Napoléon en particulier, il donnait tous
les ans aux élèves une conférence pièces
à l'appui (!) sur la " Bataille de Waterloo ",
dont il était originaire. Quant à Monsieur Zaman,
il devint lui aussi " le " prof d'Education Physique;
nous reparlerons plus loin des fêtes de gymnastique qu'il
donna pour le public de la ville. Beaucoup d'anciens pourront
témoigner qu'à leur retour en Belgique, ils ne
trouvèrent pas son pareil. MM Van der Wilt et Zaman, qui
dès leur arrivée prirent goût à la
vie coloniale et fondèrent un foyer sur place en épousant
une coloniale, inaugurèrent la série des professeurs
laïcs " attachés " (au sens le plus riche
de ce mot) au collège, de ceux qui partageaient les joies
et les peines, l'essor et la fierté de l'établissement
(1)
Trois jésuites
venaient également agrandir le corps professoral, Le P
Jansen, qu'on emploiera successivement en 4e latine, en 2e, puis
comme surveillant des grands, bref un peu à toutes les
sauces, en raison de ses talents divers. Il deviendra aussi le
centre-avant redouté de l'équipe, qui par ses boulets-de-canons
ou de la tête assura plus d'une fois la victoire au Victory.
Le P Vivex sera durant des années le surveillant des Petits;
cette fonction ne donne guère lieu à des actions
d'éclat mais bien au dévouement caché et
à la patience, surtout avec ces jeunes coloniaux sortis
de la brousse, qui portent au dictionnaire le joli nom de "
créoles " ! |
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Le Frère
Joosen, économe, infirmier, libraire, et… imprimeur
des cours et d'orientation. Papa et maman étaient loin,
à des centaines de Km. à vol d'oiseau, à
des milliers par la route, loin surtout quand on était
malade, c'est alors qu'on faisait sa connaissance, et beaucoup
ne l'ont jamais oublié. Comme il ressemblait au Frère
Prouvé, même taille, même barbe, les élèves
eurent vite fait de les baptiser " Dupond et Dupont ",
nom qui leur restera (2)
Cette année s'écoula sous le signe du calme, tout
au moins dans le domaine des constructions qu'on avait décidé
d'interrompre durant un an D'aucuns se réjouirent fut
ne plus habiter un chantier et de ne plus devoir enseigner au
rythme des coups de marteaux. Hélas, cet âge d'or
fut de courte durée! (3)
Si le Collège semblait en perte de vitesse, il y régnait
cependant une intense activité. Grâce au dynamisme
du P. Van der Auwera (Makayabo pour les initiés) et à
son esprit inventif, il ne se passait pas un jour sans que les
élèves n'aient à côté de leurs
études, quelque occupation originale. Védé-A
ne cessait d'inventer, d'organiser, de créer du nouveau
et d'organiser encore ; tous les élèves étaient
en admiration devant ses "mayélés" et
il en imposait à tous par son inlassable dévouement.
C'est le cas de dire qu'il payait de sa personne; chargé
de la surveillance des grands (internes et externes), chargé
de 18 heures de cours de maths et de sciences, il parvenait encore
à trouver le temps d'organiser des jeux, toujours nouveaux,
et toujours plus emballants. Les élèves ne demandaient
pas mieux que d'aider à les organiser. Et, si parfois,
il confiait la surveillance de l'étude à Alain
Strauss, tout le monde sait qu'il y régnait un silence
parfait (4)
Les "vieux de la vieille" ne m'en voudront certes pas,
bien au contraire, de m'étendre un peu plus longtemps
sur les activités de l'internat au temps de Makayabo.
Ce qui se passa à cette époque est resté
légendaire et, sûr, que lorsque deux anciens de
cette période se retrouvent après des années,
c'est par là qu'ils commencent (5) |