Durant les vacances,
on n'avait pas chômé. Pas la peine cette fois de
se faufiler dans les dédales du collège pour partir
à la découverte des nouveautés; elles vous
attendaient à l'entrée même. L'endroit où
on était habitué de débarquer avec valises,
matelas et... provisions, présentait un tout autre aspect.
Etait-on bien à la bonne adresse ? On pouvait rouler jusqu'à
l'entrée sur du macadam... une entrée en douce
quoi! Pourvu qu'on ne soit pas trop secoué à l'intérieur,
au cours de l'année ! On s'arrêtait pile devant
un majestueux escalier et un perron. Décidément,
on entrait maintenant par la scène... original! Mais,
au fond, chaque année scolaire ne ressemblait-elle pas
un peu à une pièce de théâtre, avec
ses nombreux suspenses et imprévus, Du haut de ce nouveau
promontoire les gars contemplaient les alentours. C'est à
croire qu'il y avait eu des affaissements de sol à Bukavu
: l'entrée était plus élevée et la
plaine de foot plus basse. De fait, les bulldozers l'avaient
abaissée et allongée. Les élèves
admiraient les nouvelles plaines de jeu, les volleys, le nouveau
parking pour les voitures, les hauts lampadaires au néon,
les plates-bandes et les murets décorés de fleurs,
qui trahissaient la main du P. Cuypers. Il ne manquait qu'un
groom à la porte (une suggestion à faire au P.
Recteur) pour se croire dans un luxueux hôtel de la Côte
d'Azur. (1)
Mais d'autres changements vous attendaient à l'intérieur.
La chapelle qui paraissait trop austère à côté
des locaux récemment construits, avait subi de sérieuses
transformations : nouvel autel, dallage dans le choeur, vitres
de couleurs, installation électrique renouvelée,
et un beau chemin de croix de l'artiste français G. Plessard.
(2)
Le P. De Wolf, notre éminent professeur de Rhéto,
qui avait marqué toute la chrétienté de
Bukavu de son influence, était parti pour la Belgique,
en laissant comme souvenir, la Bibliothèque Humanitas.
Le P. Smets, qu'on connaissait comme préfet depuis "zamani",
était parti pour Lovanium en laissant
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derrière lui Orientation, des excursions mémorables,
la clique et Aloysio devant la Préfecture. Le P. Bertrand
n'était plus là! Qu'allaient devenir le théâtre
et le Victory ? D'autre part, un impressionnant contingent de
professeurs, comme il n'en était jamais arrivé:
le P. Collin (rhétorique), le P. Van de Kerckhove (préfecture),
les PP. Butaye et De Cock, MM. Lapage, Moons, Bussers, Westhovens,
Snijders, Coisne, Descamps, Ronsmans et Callebaut. Plusieurs
fixeront de solides amarres à notre caravelle et y resteront
jusqu'à l'Indépendance. M. Lapage surtout, car
il y est encore! (3)
L'année était à peine amorcée, qu'un
triste événement se déroula. Jacques Quoirin,
élève de 4e moderne, fut enlevé à
l'affection de ses parents inconsolables et de ses nombreux amis.
Ce garçon si sympathique, si énergique, si feu-et-flamme
pour son collège, laissa chez ceux qui le connaissaient
depuis sept ans un souvenir ineffaçable. C'est comme si
les élèves avaient perdu un frère. Ne l'était-il
pas, d'ailleurs ? Un bien triste début. (4)
Le P. de Wilde, Marc Puffet et son groupe prirent Orientation
sérieusement en mains. Les numéros volumineux qu'ils
firent paraître cette année témoignent de
leur zèle à poursuivre les bonnes traditions. Zèle,
qui ne se démentira pas, car la revue deviendra sous leur
direction plus belle encore qu'autrefois. (5)
Vers la mi-octobre, de sérieuses secousses vinrent de
nouveau mettre les bâtiments
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