(loin de nous
d'ailleurs de prétendre qu'elle fut médiocre) profitons
de cette occasion pour remercier ici... M. Buisseret. Emporté
par le compte-rendu des pièces précédentes,
nous avons oublié, hélas, de mentionner ce fidèle
et trop modeste artisan de nos triomphes. Combien d'acteurs ne
doivent pas à son grimage, une bonne partie de leur succès!
Son seul plaisir, sa seule récompense était de
jouir de derrière les coulisses du jeu des jeunes acteurs
et d'y prendre un plaisir quasi enfantin. Heureux les hommes
qui gardent comme lui un coeur d'enfant. Merci, M. Buisseret,
au nom de tous les anciens acteurs, spectateurs et régisseurs.
(9)
La nouvelle arriva comme une secousse sismique. Non, ce n'était
pas vrai. Le Roi Baudouin allait venir au Congo, et... à
Bukavu. A Bukavu donc..., concluaient les élèves,
au collège. C'était trop beau pour y croire. Mais
ce rêve se réalisa. Comment décrire l'enthousiasme
frénétique avec lequel le Roi, entré sous
l'arc de triomphe, fut accueilli à son arrivée
au Collège par une jeunesse déchaînée
et solidement appuyée par leurs parents aussi débridés
qu'eux. Le P. Schurmans avait préparé un beau discours...
mais les cris des jeunes l'empêchèrent de parler,
ou plutôt la jeunesse parla à sa place. Le protocole
le cédait - qui peut le regretter ? - à l'explosion
des sentiments des jeunes. Jeune et dynamique lui-même,
Sa Majesté comprit et apprécia ce genre. Pas moyen
de les faire taire. Loin de s'offusquer de ce vacarme tonitruant,
de cette explosion juvénile, le Roi répondait par
des sourires. Touché par les quelques mots que le P. Schurmans
put dire, le Roi demanda au P. Recteur de vouloir |
bien lui remettre
le papier avec les notes, et... glissa l'aide-mémoire
dans sa poche. Le Roi signa le Livre d'Or du Collège.
La portière à peine fermée, les services
d'ordre étaient débordés, les barrages rompus,
la voiture royale prise d'assaut. Lorsque le cortège royal
se fut enfin frayé un chemin, on retourna au Collège.
Le midi, le P. Préfet fit irruption, en disant "
ceux qui ont fini, peuvent descendre à l'avenue Olsen,
où le Roi repassera dans quelques minutes ". Il n'en
fallut pas davantage pour que le réfectoire se vidât.
Usant de stratagèmes, les collégiens, laissèrent
passer la voiture royale, puis refermèrent l'étau,
et le cortège fut forcé de s'arrêter. Acclamations
frénétiques..., puis la voiture repartit, suivie
d'un vrai marathon ! " Une invraisemblable débandade
", disaient les protocolaires, " le plus chaleureux
accueil de Bukavu ", disaient les autres, et ils avaient
raison. (10)
Au mois de juin, le Collège était de nouveau en
plein émoi. Cette fois figurait au programme une fête
de gymnastique suivie d'une fancy-fair. Les déploiements
d'ensemble autour de la tribune massive dressée au centre
de la plaine, furent spectaculaires. Des files d'élèves
tirées au cordeau exécutaient des exercices avec
un rythme parfait.
Cette fête
de gym reste une des plus belles séquences des documentaires
sur le collège. Les parents étaient émerveillés
devant les prestations de leurs enfants, si gauches à
la maison, et cette démonstration permit au public de
constater qu'on ne dormait certes pas durant les cours de M.
Zaman. Quant au groupe d'élite, avec ses sauts et ses
cabriolets sur le cheval ou aux barres-fixes, il fit, lui aussi,
honneur au collège et à son professeur. Et tout
le monde d'émettre le même regret : " Dommage
que le Roi n'ait pas vu ça!" (11) |