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Dès
le retour des élèves, toute l'année fut
centrée sur "le Jubilé ". Après
la remontée de l'an dernier, le Collège se sentait,
en effet, capable de fêter dignement et même "
in splendoribus " ses 25 années d'existence. Dans
son discours inaugural, le P. Recteur mit l'accent sur la signification
intrinsèque du Jubilé, qui ne devait pas seulement
aboutir à une manifestation extérieure éclatante,
mais orienter toute cette année vers une réalisation
intérieure, vécue, de l'idéal du Collège
dans toutes les domaines ; conviction religieuse, Etudes, esprit
d'équipe, Professeurs et élèves, grands
et petits, vivant tous de cette idée, l'année se
métamorphosa, malgré les conjonctures politiques,
en une année extraordinaire. En dehors du Collège,
certains qui n'en saisissaient pas la portée, parlaient
d'une idée-fixe. Pour nous c'était une idéeforce.
(1)
La courbe des statistiques marquait encore un bond en avant:
920 élèves (252 internes). On était presque
retourné aux chiffres maximum d'avant l'Indépendance.
Les classes supérieures étaient largement remplies
: Rhéto et Premières 29 élèves; secondes
48; Troisièmes 64. Quelle différence avec les chiffres
précédents ! 538 élèves congolais,
tandis que les étrangers appartenaient à 28 nationalités
différentes. Aux séminaristes de l'année
précédente, était venu s'ajouter le séminaire
de Baudouinville. (2)
Le changement le plus notable dans le personnel en-seignant était
la présence de deux Jésuites africains: les PP.
Pierre Mulowayi (Katangais) et J.B. Gasenge (Rwandais) et aussi
de deux institutrices congolaises en Préparatoires. Le
P. Lacoste, P.B., rentré en Europe pour motif de santé,
était remplacé par le P. De Jaegher du séminaire
de Baudouinville. Les PP. A. De Schrijver et Herman nous avaient
quittés. André Forro était venu agrandir
le groupe des Anciens élèves-professeurs et enseignait
avec son épouse en Préparatoires. Tout le monde
se réjouissait du retour de M. Zaman parmi nous. Etaient
aussi venu s'ajouter: le P. Verwilghen, le P. De Ridder et M.
Joachim. Le corps professoral s'élevait ainsi à
45. (3)
Au start de cette année scolaire le Collège connut
des difficultés. A peine rentrée, Mme Van der Vorst
tomba gravement malade, dut être opérée d'urgence,
bientôt rapatriée, mais elle reviendra heureusement
en bonne santé après quelques mois. M. Stas commença,
lui, aussi l'année à l'hôpital. On dut les
remplacer, ainsi qu'un professeur en Préparatoires, qui
se faisait attendre. Puis ce fut au tour du Fr. Prouvé
de se casser la jambe, puis le P. Préfet tomba malade.
A côté de ces épreuves, il y avait l'incertitude
politique, les couvre-feu et enfin la guerre des rebelles mulelistes
éclata dans les environs, ce qui n'était pas de
nature à faciliter les choses. Tout cela n'empêcha
pas le déroulement normal de l'année scolaire.
(4) A cette année jubilaire restera attaché le
nom d'une oeuvre sociale qui commença sous le nom de "
oeuvre des petits vagabonds ", et qui devint les "
Ché-Ché " (flamme). |
Elle
doit son origine à l'initiative du P. De Ridder qui fut
grandement aidé par Guy Becelaere. Cette oeuvre consistait
à ramasser aux coins des rues les garçons de 8
à 14 ans, dont personne ne s'occupait et qui trouvaient
leur nourriture dans les poubelles du Collège et des environs.
Vrais " chiens perdus sans collier ". Les Grands se
donnèrent spontanément et avec un dévouement
digne de louanges à cette oeuvre hautement sociale. En
quelques mois, ils transformèrent ces gosses. On organisa
pour eux non seulement des repas à jours fixes, ainsi
que des jeux, mais on les vit bientôt défiler en
rangs et en uniformes. Outre le bien que ce mouvement fit aux
gosses, il apprit aux Grands à sortir d'eux-mêmes
et à se pencher sur les misères du peuple. Les
" Ché-Ché " rencontrèrent auprès
des autorités civiles et chez les privés une sympathie
peu ordinaire, qui se traduisit par de nombreux dons en nature
et en espèces. (5)
De son côté, le P. Croegaert sut intéresser
les élèves de Rhéto et de Seconde, au sort
des malades de l'hôpital. Ils allèrent mendier de
porte en porte et rapportèrent de ces visites une quantité
considérable de vivres, de vêtements, de couvertures
et aussi de l'argent. La générosité des
élèves semblait être une caractéristique
de cette année, et en elle se concrétisait en quelque
sorte le mot d'ordre donné à tous par le P. Recteur
au début. (6) Orientation parut chaque trimestre et seuls
le manque de papier et la maladie du P. Préfet, qui la
dirigeait, empêcha qu'elle ne parut plus souvent. Relevons
toutefois l'inté-ressante enquête de la Revue sur
la question: " Préférez-vous faire vos études
universitaires au Congo ou à l'étranger ? ",
mais aussi le numéro préparatoire au Jubilé.
Quant au Victory, engagé dans un championnat scolaire,
il fut handicapé du fait qu'il ne sut pas faire, en raison
des répétitions pour le Jubilé, des entraînements
réguliers.
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