à l'épreuve.
Personne n'aimait ce genre de perturbations, mais une fois de
plus, ces secousses n'affectèrent pas le collège.
On ne peut en dire autant du départ du Fr. Bracaval. Il
avait laissé des traces de son passage aux quatre coins
du collège. Le P. Recteur abandonnait-il, peut-être
l'idée de faire des transformations ? (6)
Le 15e Anniversaire du Collège fut fêté avec
plus de modestie que prévu. Cependant un des tout anciens
du collège, le P. Thuysbaert, célébra la
Messe Solennelle et Orientation sortit, comme de bien entendu,
un numéro spécial, avec les souvenirs "du
bon vieux temps" de la plume du P. Mosmans. Le collège
semblait reprendre son souffle, après les départs
trop nombreux. Les activités ordinaires (Victory, excursions,
etc.) se poursuivaient et les élèves inaugurèrent
même des causeries littéraires et scientifiques
données à leurs camarades. Mais... au mois de février,
on vit bien que le collège restait le collège :
M. Heyman joua avec les élèves de la section flamande
"Reinaert de Vos". C'était la première
des nombreuses pièces qu'il dirigera au collège,
et " la première " aussi de la section flamande,
qui avait maintenant atteint sa majorité. Texte et jeu
révélaient la main de l'artiste. Au son des trompettes
et au ronflement des tambours, les animaux se présentèrent
dans un décor fantastique de couleurs et de lumière.
Un charme pour les yeux et les oreilles. Qui ne fut pris par
cet ensorcellement ? Par la Maison de Maupertuis, comme par les
danses des bûcherons : Renart (M. Lapage) et Grimbert (M.
Heyman lui-même), le Roi Noble (Kimpe) sa femme (Segers),
Brun l'Ours (Baert), Tybert le Chat (C. Van Baelen) et Panser
de Bever (H. Van Rompaey) recueillirent des applaudissements
mérités. (7) |
Le collège
avait été ébranlé par des départs,
par la mort de Jacques Quoirin, et même, au sens propre
du mot, par des secousses sismiques, mais... ça alors...
pour une secousse, c'en était une! Au mois de février,
le bruit courut tout à coup que le Père Recteur
nous quittait... au beau milieu de l'année, à la
veille de la Fête de Famille. Personne ne pouvait y croire;
on était encore loin cependant des poissons d'avril !
Comment s'imaginer le collège sans le P. Croonenberghs
? Il fallut, hélàs, se rendre à l'évidence.
On avait besoin de lui à l'Institut Supérieur S.
Ignace à Anvers, pour construire. Que le P. Recteur ait
fait ses preuves dans le domaine constructions, personne n'en
doutait; Il suffisait de regarder autour de soi, mais de là
à le retirer du collège... les parents la trouvaient
mauvaise. Leurs protestations ne servirent à rien. Un
Jésuite doit obéir, et être prêt à
partir au pied levé. Après une petite fête
d'adieu, improvisée mais émouvante, le P. Croonenberghs
nous quitta, le coeur gros, très gros. Son départ
précipité affecta grands et petits, parents et
professeurs. Le tout collège, le tout Bukavu l'accompagna
à la plaine; drapeau en tête. Une phrase, cueillie
au hasard, dans le discours d'adieu, résume en quelques
mots l'opinion de tous "Vous avez été le second
fondateur du Collège". La voie était tracée,
il n'y avait plus qu'à la suivre. Une fois de plus, cette
solidarité, dont le P. Recteur avait été
l'artisan principal, entra en jeu et on jura que l'oeuvre du
P. Croonenberghs ne souffrirait pas de son absence. Personne
ne pouvait prévoir ce qui arriverait un jour, c. à
d. que le P. Recteur reviendrait à Bukavu pour "sauver
le collège" dans les circonstances que nous relatons
plus loin. (8)
Un soupir d'apaisement accueillit la nouvelle que provisoirement
le P. De Wolf remplacerait le P. Recteur, et tout le monde d'espérer
que ce provisoire deviendrait définitif. Comme nous l'avons
dit, le P. De Wolf jouissait d'une large créance à
Bukavu et au Kivu, et son attachement au collège et à
la jeunesse coloniale ne laissait aucun doute. (9)
Le P. Recteur partit si précipitamment, disons plutôt
si discrètement, qu'il n'assista même pas à
la Fête de Famille, dont il avait créé la
belle tradition il y a quelques années et où on
l'eut certainement fêté. Dans le cadre du 15e anniversaire,
le P. De Wilde avait préparé une pièce d'envergure
: "Maître après Dieu" de Jan de Hartog.
Tentative audacieuse, sans doute, et la répétition
générale pour les écoles le montra bien.
Mais le public, le vrai public se laissa conquérir par
le message que l'auteur de la pièce et les acteurs leur
transmettaient. Le public admirait surtout la valeur morale qu'on
inculquait à une jeunesse capable de se hausser à
ce niveau. En écoutant Philippe Van Roey, Nick Carpentier,
André Duchamps, André Quintens, J-M. Gille et Pierre
Fiévez, le public ne |