Pour
la première fois le Collège a ses humanités
latines complètes; nous avons nos premiers rhétoriciens,
"rari nantes in gurgite vasto", mais ce sont d'authentiques
rhétos La population estudiantine s'élève
à 259, dont 185 internes L'atmosphère est quelque
peu autre que les années précédentes; elle
n'a plus cet air de famille d'il y a trois ans. Le grand nombre
en est cause. Elle n'est plus aussi tendue, car le souffle de
la "libération" a purgé l'horizon...
espoirs de retour en Europe, possibilités de relève...
tout cela donnait une note plus enjouée à la vie
du Collège. (1) Cependant le travail allait toujours bon
train. Il fallait bien, car les examens de sortie étaient
au bout. Nos rhétoriciens se sont présentés
à la fin de cette année devant un jury de choix;
et les élèves de 4e Moderne qui ont obtenu leur
diplôme d'Ecole Moyenne, savent encore très bien
que cela n'allait pas sans peine.. Ils ont passé des quarts
d'heure bien longs devant le tapis vert ou au tableau noir. (2)
Ne croyez pas
que la formation artistique était négligée.
Le P. Bouckaert était le digne successeur du P. Mosmans,
qui devait abandonner cette partie de son activité pour
s'occuper de choses plus ardues en septembre 1944, il reprenait
la préfecture de discipline. (3) La fin de l'année
scolaire précédente avait apporté le grand
succès du "Dr Knock". A la Noël 1944, on
présente "Le Noël sur la place" de Ghéon.
A chaque fête, il y a plus de monde; mais comme les grands
parmi les élèves sont absorbés par leurs
études, on assiste à l'entrée en scène
des moyens et des petits. La visite de Mgr Verwimp, venu pour
confirmer les élèves, est l'occasion - le 2 février
- de présenter "Le Chat Botté". Et à
la proclamation de fin d'année, quelques-uns de nos meilleurs
acteurs donnent leur chant du cygne ils jouaient "Le Médecin
malgré lui". (4)
Le 19 mars
de cette même année a été une belle
journée. En cette fête de Saint Joseph, tout le
Collège, professeurs aussi bien qu'élèves,
était en émoi. Alors a commencé un bonheur
qui, hélas, n'a pas duré. M. Modave, de pieuse
mémoire, s'est marié ce jour-là. Depuis
1943, il était professeur de math... un métier
que peu lui envieront. Il s'était de tout cœur donné
à sa besogne et les élèves appréciaient
hautement son savoir, aussi bien que son intégrité
et son dévouement. Par le soin avec lequel cette cérémonie
religieuse a été préparée, les pères
et les élèves ont voulu exprimer leur gratitude.
(5) Le Collège a son blason depuis quelque temps. Mais
depuis 44 déjà, il a ses anges gardiens. En effet,
dans l'espace d'une année et quelques jours, nous regrettions
trois de nos élèves, tous trois encore en primaires. |