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Répertoire

Nos recteurs

Elèves ayant terminé leurs humanités au Collège, p. 92 - 93

Hommage au
R.P. VAN der STRAETEN


 Page 12

43 - 44

 Les demandes d'admission continuaient à affluer, Mais la place disponible restait limitée, car le chantier luttait avec moultes difficultés: le ciment n'arrivait pas, le fer à béton etait introuvable, les barges de sable étaient en retard, la disette dans le pays posait un grave problème de ravitaillement. Parfois, un détail suffisait pour immobiliser une grande partie du chantier; ainsi, il fallait des niveaux d'eau pour nos quelque cinquante maçons. . . Où les trouver ? Le P. Recteur cherchait, voyageait, écrivait, télégraphiait... jusqu'à en perdre son sang-froid. (1 )

Le corps professoral, hétérogène au possible, grandissait avec le nombre d'élèves et de classes. Pères Blancs. Jésuites, Dames, Messieurs, une Demoiselle : douze en tout pour dix classes. Nos "poètes" regardaient de bien haut les moutards de 9e et de 10e qui s'amenèrent du pensionnat après les vacances de Pâques 1944. Il y avait 133 internes et 69 externes. La question des livres scolaires devenait de plus en plus épineuse. Certaines éditions de Tite-Live, de Virgile, de César étaient de véritables pièces de musée, dénichées au fond des bibliothèques. Des éditions très variées avec des textes aux variantes les plus variées. Le professeur y perdait parfois son latin. Et dans les classes primaires, c'était pire parfois: on n'avait rien. Devant cette pénurie de livres, on s'est mis à polycopier des volumes entiers. Des mètres cubes de papier ont passé par la rotative sous l'oeil vigilant et la main habile du P. Cauwe. "Il y a ce qu'il y a, et il faut ce qu'il faut..." , a dit quelqu'un. (2)

L'histoire du Collège des années de la guerre serait incomplète si on passait sous silence une figure des plus sympathique d'alors. Les élèves l'appelaient le "Broeder" le Frère De Mérechy. Il était costaud, malin, pieux, habile et fort. Il était à ses heures, forgeron, plombier-zingueur. électricien, mécanicien, infirmier, sacristain, organiste et même gymnaste. Ceux qui l'ont connu, savent si j'exagère. (3).

"Le sixième jour de mai" 1944 le Broeder n'avait plus qu'à tourner quelques interrupteurs et l'on avait l'électricité à travers toute la maison. Jusqu'à ce moment on se servait des lampes "Colman", à part quelques lampes d'étude alimentées par un petit " Delco ". Le spectacle en valait la peine quand les rangs défilaient à travers les vérandas avec leurs lampes. Une scène de catacombes... (4)

Alors le Frère s'y met: avec une habilité d'ingénieur, il élabore un plan détaillé du système électrique pour tout le collège, un vrai labyrinthe sur papier. Puis, avec son adresse réputée et son acharnement de Flamand robuste, il installa le tout en un temps record. Durant des semaines on l'entendait chanter sous les tôles, où il plaçait le réseau de fils qu'on peut encore y voir. Les sceptiques disaient. "Cela ne marchera pas". Un seul accroc lui est arrivé, ou plutôt à son boy. Ce brave noir n'avait pas réalisé la faible résistance des plaques d'éternit. Dans un moment d'inattention sans doute, il se mit dessus et... se retrouva sur le dur pavé du premier étage. Heureusement, sa constitution était bien forte, car il parvint encore à se relever et, quelques semaines après, il avait déjà oublié ses contusions. (5) Enumérer toutes les activités du Frère nous mènerait trop loin, mais les anciens se rappeleront encore toute la musique qu.il faisait sortir de son harmonium minuscule... Pendant des années il a été notre organiste. (6)