Qu'il s'agisse
de fabriquer des goals pour la plaine, d'installer des lampadaires
au sodium, ou de manier le tableau électrique dans les
coulisses... son travail était "kabissa". (10)
Sous la direction de Cerf Fougueux (P. Croegaert), le scoutisme
battait son plein. Nous en reparlerons davantage en l'année
51-52: Pendant que les scouts campaient à Birava (Morel),
Nya-Kaziba (Quoirin), Hongo (Michaux), les Routiers du Clan St
Hubert, conduits par le P. Cuypers, battaient les sentiers, et
selon leur devise, allaient " toujours plus avant "
jusqu'à Karamba dans le Ruanda (chez Defays), ou visitaient
les nouvelles installations du C. E. R. (Centre d'Emission Radiophonique)
qu'on venait d'ériger vis-à-vis du Collège
et que les caustiques dénommaient le Collège des
Elèves Renvoyés. Les Routiers n'étaient
pas nombreux, mais c'étaient des " Mordus ".
Au cours de ces marches ils apprenaient à connaître
le vrai visage du P. Cuypers, à apprécier son endurance
physique, son dévouement et même sa joie; celui,
qui était "la terreur" des élèves
en classe... se métamorphosait en un très agréable
compagnon de Route. Les scouts plantèrent au cours de
cette année un croix à la Campagne de Shangugu
et... dressèrent avec des eucalyptus de Hongo une tour
de signalisation dans leur domaine. Son érection fut aussi
pénible que celle de l'obélisque de la Place St
Pierre à Rome. Tiendra ? Tiendra pas ? Entre Autres avantages
(signalisation et acrobaties) cette tour offrait une vue plongeante
dans le réfectoire des Pères. Les scouts en profitaient
pour transmettre " 22 " aux copains, à l'approche
de ces " espions " ultra dangereux. Mais cette tour
joua un sale tour à Jean Corten, qui en dégringolant,
se cassa l'omoplate. (11)
Blottis dans leur tanière ou cachés dans la Jungle,
les louveteaux s'initiaient entre-temps à esquiver la
méchanceté des humains. Alain et Sof Delville avec
leurs petits copains se préparaient au grand jeu de la
vie. (12)
Au mois de mai, arriva le Fr. Herman Oyen. Il venait décharger
le Fr. Joosen en reprenant le service de la comptabilité,
qu'il assumera au collège jusqu'à sa mort en 1957.
La fin de l'année amena trois manifestations de caractère
différent: une sportive, l'autre religieuse, la troisième
théâtrale. (14)
Comme d'habitude, on fêta le P. Recteur le 21 juin. A l'initiative
du P. Van Grunderbeeck, les traditionnels "jeux de St Louis"
furent remplacés cette année par une fête
d'Athlétisme. Le 21 juin clôturait un tournoi athlétique
de 8 jours. A 11 heures eurent lieu les finales de Natation.
L'après-midi les athlètes, torse en avant, cheveux
au vent, défilèrent sur la plaine devant les autorités,
les parents et les invités. Rien ne manquait à
cette parade: ni hauts parleurs grésillants, ni tente
pour les juges experts, ni même le traditionnel podium
des champions, surmonté de cercles olympiques. Au coup
de pistolet, les athlètes s'engagèrent pour les
courses de vitesse, les sauts en hauteur |
ou en longueur,
le lancement du poids, du javelot ou du disque. Pour la circonstance
les professeurs dressaient la comptabilité des prestations
de jarrets et de biceps, au lieu des prestations de la matière
grise; et les performances étaient calculées selon
les tablets des associations qualifiées. Après
ces nombreuses prestations, le P. Recteur distribua aux champions
en herbe les médailles spécialement frappées
à cette occasion et décerna à Jacques Babilon,
Alain Strauss, Pierre Prina et Guy Van Daele le brevet B d'athlétisme.
(15)
Début juillet, S. E. Mgr, Cleire, Vicaire Apostolique
du Kivu, fêtait son jubilé sacerdotal. En signe
de reconnaissance pour la sympathie et le soutien dont il avait
toujours témoigné à l'égard du collège,
les élèves se firent un devoir de participer aux
manifestations organisées en son honneur à la Cathédrale
et à la Kawa. (16)
Une cérémonie dont certains se souviendront avec
joie, d'autres avec amertume était la tombola de fin d'année.
Les veinards, toujours les mêmes, s'en allaient avec une
radio ou des patins à roulettes; les désabusés,
toujours les mêmes, avec une sucette ou un jeu de cartes.
Personne ne se doutait des va-et-vient que ces prix demandaient
de la part des organisateurs surchargés de besogne (règlement
des voyages, préparation de la distribution des prix,
atmosphère tendue des examens). Que tous les bienfaiteurs,
grands et petits, trouvent ici le témoignage de notre
gratitude pour leur générosité. La valeur
globale des prix s'élevait jusqu'à 25 ou 30.000
F. Cette dernière surprise, cette deuxième St Nicolas,
faisait toujours des heureux, en dernière minute. (17)
La lecture du Palmarès fut interrompue par " Le Petit
Poucet", féerie de Henri Ghéon, présentée
par les Moyens, dans laquelle Jean Pacquay interpréta
le rôle principal. Puis ce fut le tour des Grands. Ceux-ci
jouèrent l'acte Il du "Bourgeois Gentilhomme",
sous la direction du P. Bertrand. André Vermeire incarna
le rôle du Bourgeois avec une maîtrise parfaite.
(18)
Ouf !... il était temps de regagner les pénates!
Regagner les pénates... c'était pour la plupart
raser le toit du collège en avion, pour d'autres prendre
le bateau ou la voiture, un car-courrier ou la Compagnie des
Vieilles Casseroles. Certains même avaient un itinéraire
assez original et passaient par tous les stades d'évolution
des moyens de transport, mais à rebours : avion d'abord
- puis voiture - pour terminer par le tipoye ! Les uns étaient
" chez eux " après une heure, d'autres après
une semaine. Itinéraires vers des azimuts différents
(même via Le Caire, Athènes, Rome, Bruxelles) moyens
de locomotion variés, durée variable aussi, mais
partout les attendait un menu invariable : beafsteack-frites
! (19)
Après cela, il y avait de quoi raconter toutes les vacances
durant... surtout quand on n'avait plus vu ses parents depuis
un an! (20)
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