jusqu'au moment
où de sa voix de stentor le Préfet criait son classique:
" Doucement, là-bas! " (4)
Un beau jour arriva au Collège une caisse immense... Pas
de doute, c'était le fameux piano demi-queue (Steinway),
parti d'Elisabethville par la voie fluviale depuis près
d'un an... et que tout le monde considérait comme mangé
par les crocos. Lorsqu'on ouvrit la caisse, elle contenait assez
de couvertures pour équiper tout un dortoir, mais... le
piano était intact. Un piano à queue au coeur de
l'Afrique (!) c'était plus rare qu'un okapi. (5)
Le violoniste Carlo Van Neste inaugura la série des nombreuses
manifestations artistiques qui se donnèrent dans la Salle
du Collège. Il y donna devant une salle comble, deux récitals
fort appréciés. Le public de Cost et des environs
avait été trop longtemps frustré de manifestations
de ce genre. Mais dès à présent, les artistes
se succéderont au fil des années. Le violoniste
Robert Soëtens, le pianiste Tristan Risselin, et last not
least... Eduardo del Pueyo s'y firent applaudir cette année
encore. Mais il n'y avait pas que des musiciens : M. Bodart donna
une conférence sur Péguy, et le Théâtre
de Bruxelles inaugura ses tournées par quatre pièces.
(6)
La Salle de Fêtes ne devait pas servir avant tout au public.
Elle était destinée à favoriser les jeunes
talents du Collège, et à dispenser aux élèves
une éducation artistique. Ces jeunes coloniaux en avaient
grand besoin... car la plupart s'entendaient mieux à abattre
des antilopes, des léopards (comme Lionel Van Laere),
ou des éléphants (comme Serge de Brouwer) qu'à
apprécier Mozart ou Beethoven. Mieux valait donc commencer
modestement. Ce fut cependant un succès. Au mois de décembre,
les élèves présentèrent une grande
pièce policière " Rendez-vous de chasse ".
On avait construit sur la scène avec des rondins d'eucalyptus
un vrai pavillon de chasse, à étage encore bien
! Le montage de ce décor représentait des semaines
de travail Lorsqu'on ouvrit le rideau, la salle applaudit! La
pièce ne manquait pas de suspenses. Cadavérique,
André Vermeire tomba raide mort hors de l'armoire, au
point que les spectateurs pensaient qu'il était foudroyé
d'apoplexie. Il avait répété ce "coup
de théâtre" durant des semaines. Les principales
vedettes de cette pièce furent Georges Parez, Frans Van
Cauwelaert, André Fonsny et André Vermeire. Mais
Christian Dubois interpréta si bien son petit rôle
de barman, qu'il en garda pour toujours le nom de " Gaston
". Ce fut pour lui le début d'une noble carrière.
Début aussi pour M. et Madame Van der Vorst, qui rehaussaient
de leur talent, cette fête très réussie.
(7)
Au mois de mai, "Grande Fête Scoute" dans la
Salle. Au programme " Ces Dames aux Chapeaux Verts "
avec la collaboration des Guides, bien entendu. Cette pièce
emportée fut suivie d'un buffet froid avec bar, et "
vente à l'américaine " dans la Salle de Gym.
Pour la " caisse désespérément vide"
on vida mainte bouteille... L'atmosphère qui y régnait
devait être du tonnerre, puisque les derniers quittèrent...
à 3h du matin. (8) |
Palmarès
chargé, comme on voit, pour cette première saison
de la " Salle des Fêtes ". (9)
Le jour de la Toussaint, la solidité des bâtiments
fut mise à l'épreuve par de violentes secousses
sismiques. Les élèves durent sortir en hâte
de la chapelle qui craquait et " tchamoukait " solidement,
mais tout rentra à sa place, et pas de dégâts!
Pour la première fois... Le bâtiment avait subit
l'épreuve du feu... souterrain. (10)
Quelques jours plus tard, arrivait M. Pas, et donc les Maths
et Sciences étaient renforcées. Lui aussi, ne nous
quittera plus, et aidera à relever le niveau des scientifiques
de x + 1. On peut dire que Gust jouait avec les maths, comme
avec des balles de tennis. (11)
Entretemps le P. Cuypers avait décidé d'aménager
les abords immédiats du Collège. Il transforma
la brousse en pelouses et en jardins; et bientôt les "
Floralies Gantoises ", comme on les appelait, offraient
le spectacle riant de haies de bougainvillées, de parterres
de cannas, de terrasses d'agaves, une allée de jacarandas
et de tulipiers du Gabon, des bouquets de frangipaniers,. . .
bref, de quoi piquer de jalousie la Reine de Sémiramis.
Mais l'oeil du Maître veillait, casque en tête, cigare
en bataille ! "Que fais-tu là, espèce de gros
malin?"
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