Le lendemain
après la Messe, descente du volcan et exploration des
chutes de la Rutshuru et de Bobandana. Après une nuit
passée à la Mission de Bobandana, il était
temps de revenir! Les "increvables" chantaient toujours,
et rythmaient au passage les bornes kilométriques 62,
61, 60...
Ce fut une
des plus belles, sinon la plus belle, des excursions ! Le camion
avec les vivres (la cuisine) suivait toujours,... mais vide (14)
Puis la vie sérieuse reprit. Coup sur coup le Collège
reçut la visite du R. P. Général des PP.
Blancs, Mgr Durieu, du R. F. Général des FF. Maristes,
le T. C. F. Léonide, enfin du R. P. Provincial des Jésuites.
Un groupe d'élèves offrit au T. C. F. Léonide
une séance de musique, et au R. P. Provincial: "
L'agriculteur de Chicago ". (15)
Tout au long des dix premières années s'était
développé parmi les élèves un "
esprit de fierté ", fierté d'appartenance
à une grande famille qui avait ses quartiers d'honneur
dans bien des pays, comme au quatre coins du Congo. Il se manifestait
sur place, mais bien davantage encore " en congé
". Cette fierté se concrétisa un jour dans
l'écusson, qui date de cette année. Après
de nombreuses discussions, on s'arrêta au projet qui vous
est familier : Profitons-en pour expliquer son symbolisme : (16)
L'écusson est chaussé, c. à. d. traversé
d'une pièce honorable triangulaire pour reprendre le V
de victoire. La nef et les ondes au centre représentent
le collège voguant sur le lac. L'étoile est le
symbole de la Vierge, et du Congo. Dans les deux quartiers inférieurs
les deux croix rouges rappellent la croix que Diego Cam grava
en 1485 dans le rocher de Matadi et symbolisent la christianisation
du Congo. (17)
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Les élèves
le portèrent toujours avec fierté. Nul ne dira
combien cet écusson, que vous avez encore dans votre chambre
ou dans votre maison, contribua à maintenir la bonne entente
entre les élèves et à susciter l'enthousiasme
partout où le collège se présentait pour
des manifestations ou des compétitions. Dès lors,
il figura partout, sur le drapeau, dans la Grande Salle, au parloir
(en mosaïques), sur le papier à lettres, mais surtout
à l'endroit où il devait être, c. à.
d. sur la poitrine des élèves. (18)
Le football ne date pas de cette année 49, bien sûr.
Les coupes en font foi. Dès la première année,
une équipe du collège jouait contre des équipes
de la ville. Mais avec le développement du Kivu, les équipes
s'étaient multipliées : Kivu F. C., (K. F. C.),
Bukavu F. C. (B. F. C.), Colons (C.F.C.) et Athénée.
Les matches amicaux furent bientôt remplacés par
des " compétitions " officielles au plan local.
Au cours de cette saison 48-49, nous étions second au
classement; le Collège n'avait pas dit son dernier mot.
(19)
Le 1er juillet, le R. P. Paul Croonenberghs, qui venait d'être
nommé recteur du collège, arrivait à Bukavu,
et entrait en fonction. Les élèves étaient
sur le point de partir en vacances. (20)
Plusieurs cas de paralysie infantile s'étant déclarés
à Bukavu, les Autorités sonnèrent le "sauve
qui peut" pour les Ecoles. Les élèves ne le
regrettaient pas! Contrairement aux bonnes habitudes, il n'y
eut donc pas de Distribution des Prix. (21)
Durant les
grandes vacances un groupe de "durs", ayant à
leur tête le P. Védé-A, estimant que l'ascension
des volcans de la chaîne des Virungas n'avait été
que des préparatifs, osèrent défier le Ruwenzori
(5.100 m). Les alpinistes en avaient longuement discuté
entre eux au cours du troisième trimestre. Ce n'était
ni pure témérité, ni orgueil. Mais quelle
gloire ce serait pour "leur" collège, s'ils
atteignaient le sommet! C'était certainement l'expédition
" la plus jeune " qui s'attaquait à ce géant
de l'Afrique. Le groupe se dénomma RAJAH-ICE, du prénom
de ceux qui en faisaient partie: le P. Van der Auwera, le P.
Vivex, le Fr. Prouvé, Alain Strauss, Ignace et Christophe
de Gruben, Eric van de Walle en Henri Ruelle. D'autres encore
devaient en faire partie, mais certains parents, effrayés,
n'accordèrent pas leur consentement à une entreprise
aussi audacieuse. Après de nombreuses péripéties
(qui furent racontées dans Orientation 1949 par Alain
Strauss) Védé-A, Alain Strauss et le cadet de cordée,
Henri Ruelle atteignirent le quasi sommet, à 5.000 m d'altitude.
Ils n'étaient qu'à 100 m du sommet, lorsqu'ils
durent " se soumettre à la réalité
". Mieux valait rentrer vivants, que de compromettre la
réputation du Collège. C'était... incontestablement
une prouesse et même... une victoire. (22) |