On avertit
les autorités civiles; bientôt tous les "Administrateurs"
de la région étaient alertés. Comme Meunier
appartenait à la catégorie des "timides",
qu'il ne s'était jusqu'à présent pas fait
remarquer, et, ce qui est plus rare, qu'il n'avait jamais été
puni, on se creusait en vain les méninges pour trouver
une raison de sa disparition. Certains prétendaient qu'il
s'était enfui " parce qu'il n'avait jamais été
puni ! "
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Après
trois jours d'angoisse... notre Meunier réapparut, épuisé,
tête baissée et titubant. on le mit au plumard;
c'est à peine s'il tenait encore sur ces quilles ! Après
avoir bien dormi, bien mangé, il nous raconta son aventure.
Il s'était sauvé la nuit par le vasistas de sa
chambrette, avait pris un des kayaks qui se trouvait au beach
du collège (fabrication locale !) et avait vogué
d'île en île.... Tout était prévu,
sauf qu'il y avait un " petit trou " dans le kayak
et... il avait dû ouvrir avec ses dents les boîtes
de conserves, dont il s'était muni au préjudice
d'un voisin abondamment pourvu (!). L'accueil triomphal que cet
Ulysse des temps modernes reçut au réfectoire de
la part de ses condisciples est indescriptible. Il jura, mais
un peu trop tôt, qu'il ne s'enfuirait plus. Notre gaillard,
en effet, avait pris goût à la vie de Robinson Crusoë,
et.... un beau jour, excusez, par une belle nuit étoilée,
il disparut.. pour de bon. Son souvenir cependant resta, car
lorsque le " Tombeur " voguait entre Cost et Goma,
les élèves montrèrent encore longtemps du
doigt " l'île Meunier". C'est de cette aventure
aussi que datent les barreaux de bois, qu'on fixa jadis devant
les vasistas des chambrettes !! (14) Au cours de cette année
les scouts organisèrent une " Grande fête de
jeunesse " au profit de leur caisse toujours désespérément
vide. Or ils songeaient à construire de nouveaux locaux.
Salle comble et... 60.000 F de recettes; ce qui montrait d'une
part combien on s'était "grouillé", d'autre
part, la sympathie dont la Troupe Ste Jeanne d'Arc jouissait
en ville. (15)
Le départ de M. Crèvecoeur, fut fort regretté.
Il était au collège depuis des années. Ceux
qui ont passé par ses mains en 6. Primaire ou en 6e Moderne
se souviendront de ce maître aimé, qui ne vivait
que pour sa classe et chez qui on "devait" avoir des
points sensas; l'émulation qu'il savait créer chez
ses moutards, sortait de l'ordinaire. On étudiait pour
ne pas lui faire de la peine. (16) Comme les constructions étaient
provisoirement arrêtées, on ne vit plus la mine
rouge-vermeille de Monsieur Gallai. Ce chef-de-chantier italien,
engagé " zamani " par le Père Monnens
était devenu une pièce de l'ancien collège,
au même titre que les bennes, les brouettes ou les bois
de coffrage. (17)
Si l'année scolaire 47-48 ne laissa pas de traces en-briques-et-en-ciment,
elle laissa certes des souvenirs ineffaçables dans la
mémoire des Anciens. Pour terminer cette année,
riche en péripéties de tout genre, les Grands jouèrent
en présence du Ministre d'Etat Van Cauwelaert, la comédie
politique " Les convictions de Papa " et les Moyens
présentèrent une gentille saynète intitulée
" Les Lunes ". On travailla la nuit aux décors,
que le régisseur avait oubliés. A trois heures
du matin tout était O.K. Parmi les sortants figuraient
les élèves de 1e Economique. Cette section qui
ne comptait qu'une classe (!), allait être interrompue
pour une période indéterminée. |