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Répertoire

Nos recteurs

Elèves ayant terminé leurs humanités au Collège, p. 92 - 93

Hommage au
R.P. VAN der STRAETEN


 Page 33

 De là à se déplacer "avec les supporters", il n'y avait qu'un pas... ou plutôt "un mot" du P. Recteur, et ce mot fut " Oui ". 350 Km sur une route en potopot par l'escarpement de Kamaniola, à travers la plaine de la Ruzizi (où les Frères Maristes rentrèrent un jour dans le décor) : cinq heures à l'aller et cinq heures au retour. Mais on était jeune, non ? et après cahots et secousses on tenait encore sur ses guibolles pour régler le compte aux adversaires. Avant le match, on se pavanait; aux citrons, on était plus modeste; à la fin, on triomphait. Il n'était pas rare de voir le futur Gouverneur Général Pétillon dans la tribune. Drink chez Paguidas, où on fraternisait à la terrasse avec les joueurs d'Usa et avec les nombreux parents de nos élèves. Au départ (car ils étaient chics), un bon sac pique-nique pour casser la croûte en voyage. Le camion laissait derrière lui des relents d'essence, de poussière et... de suffisance juvénile: " Allons le Victory, encore un goal... ". Tout allait bien, jusqu'au moment d'atteindre au coeur de la nuit " le point culminant" de l'escarpement : froid de loup et brouillard. Félix, le chauffeur, ralentissait juste au moment où on rêvait de son plumard; il arriva qu'on dût guider le camion avec des lampes torches pour ne pas verser dans le ravin. Entre-temps les autos des supporters nous dépassaient plein tube, et on croisait les joueurs d'Usa, qui rentraient de Bukavu. Halte au " Bambou " et rentrée en silence au dortoir. Le lendemain-de-la-veille les joueurs étaient en classe. Avec ou sans admittatur, ils luttaient tant bien que mal contre Homère ou les intégrales, mais les professeurs qui comptaient parmi les supporters les plus enragés, se montraient compréhensifs. (4) ;

 

 Mais il y avait aussi, et surtout, les matches à Bukavu, le péan " Allons le Victory " chanté avec frénésie, le nom des vedettes rythmé en cadence, les goals martelés à coup de poings sur les tôles de la vieille tribune de la' Kawa. Ambiance super tendue au top-match des Lie-de-vin contre les Jaune-et-Bleu de l'Athénée, qu'on tint si longtemps en échec. D'autres fois, c'étaient les fautes de l'arbitre, les " coups vaches ", la " triche " sifflée et huée, dans une atmosphère tropicale mexicaine, digne des Pampas. Frissons et délire, fièvre communicative, depuis le P. Recteur, qui bondissait sur son siège, jusqu'aux supporteresses (ou superforteresses) qui n'étaient pas des moins emballées. Et quand la pluie s'en mêlait, qu'il pleuvait des hallebardes, on rappliquait dans les tribunes, encaqués comme des harengs, tandis que les gars continuaient à évoluer sur le savon, filaient les quatre fers en l'air pour se retrouver "dans la flotte". C'était le moment choisi pour Prouvé de marquer son petit goal ! (5)
Après quelques mois d'interruption... eut lieu le vernissage de la Salle! Les tentures couleur feuille-morte, l'éclairage et le tableau de scène électrique installés par la Maison Verwimp, l'écusson du sculpteur Minne étaient prêts. Fébrile activité: les épouses des professeurs fignolaient le rideau de scène et les tentures, une légion de volontaires frottait, cirait, ripolinait les boiseries. On attendait le grand monde... et ce soir la séance allait, de fait, être rehaussée par la présence de M. le Ministre Godding. Dans la Salle de Gym, MM. Van der Wilt, Pas et Vermeire, disparaissaient derrière un impressionnant étalage de bouteilles, tandis que les dames de la ville préparaient du buffet-froid, que les plus gourmands reluquaient avec avidité du coins de l'œil. (6)