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Répertoire

Nos recteurs

Elèves ayant terminé leurs humanités au Collège, p. 92 - 93

Hommage au
R.P. VAN der STRAETEN


 Page 78

60 - 61

 

Quelques jours à peine après l'indépendance, les événements tragiques de Thysville vinrent compromettre l'atmosphère paisible qui régnait au Congo. Ces troubles eurent leur répercussion au Kivu. Quoique la situation y fût calme, pas mal d'Européens prirent la décision de s'en aller. La situation à Léopoldville et l'exode massif des Européens faisaient craindre le pire. Le collège se transforma en un hôtel de passage. Il y avait en permanence 200 personnes à loger et à nourrir. Ceux qui trouvaient une occasion de s'en aller en avion ou en voiture, étaient immédiatement remplacés par des réfugiés de l'intérieur du pays. Le col-lège ne désemplissait pas. Tandis que les Pères du collège accueillaient les réfugiés, réglaient les chambres ou beurraient des tartines, les mamans préparaient le tchop ou servaient à table. Les hôtes s'aperçurent que les Pères savaient faire autre chose que donner des cours de Latin ou organiser des fêtes. Durant un mois le collège fut le refuge des " voyageurs sans bagages ". Lorsque les réfugiés arrivaient à Usumbura, ils n'étaient pas moins surpris de trouver au Collège du Saint-Esprit Esprit le même accueil chaleureux et... le sourire réconfortant du P. Goux. Cette hospitalité fut pour beaucoup qui ne connaissaient pas les Jésuites une révélation et dissipa pas mal d'appréhensions. (1)
Après la bourrasque, on se dénombra. On décida de repartir à zéro. Des semaines durant, ce chiffre resta inchangé. Les Congolais se montraient hésitants, les Européens attendaient le déroulement des événements. Mais, quinze jours avant la rentrée, le parloir ne désemplit plus.

Les Congolais ayant constaté que le personnel du collège était resté sur place, du moins en grande partie, qu'il était prêt à mettre ses compétences au service du pays, ils ne tardèrent pas à y faire inscrire leurs enfants. Le bâtiment n'avait subi aucun dégât et avait été épargné de vols. Notre-Dame de la Victoire nous protégeait visiblement. (2) Il faut rendre hommage au Président Miruho et à son gouvernement d'avoir fait régner au Kivu un climat de paix et de sécurité. Pas mal d'Européens rentrèrent à Bukavu, de sorte qu'au début de cette année scolaire, le collège comptait encore 694 élèves, dont 463 africains. Le nombre des internes était réduit à 70. Les classes supérieures n'étaient certes pas très fournies : 162 élèves en Humanités et cha-cune des 4 classes supérieures comptait 6 élèves à peine. Cette diminution ne tenait pas uniquement au départ des Européens, mais il fallait tenir compte du fait que les Congolais qui fréquentaient les Humanités étaient inscrits depuis toujours au Collège St. Paul ou au Séminaire du Mugeri. Le recrutement était donc forcément réduit. Pour taire nombre les élèves de sixième Latine du Mugeri vinrent s'ajouter aux nôtres. (3)
Un phénomène inattendu se produisit. Tous les non-afri-cains, asiatiques aussi bien qu'Européens, se donnèrent rendez-vous au collège et on hérita de pas mal d'élèves de l'Athénée. Partant, le collège prit un caractère particulier : moins fermé sur lui-même. On accueillit des élèves de races différentes, de tous pays, de religions différentes et on accueillit même... des jeunes filles. Ce caractère hétéroclite ne fera qu'augmenter quand arriveront les premiers techniciens de l'O.N.U... Il risquait toutefois de compromettre le "bon esprit" qui avait toujours régné au collège. Grâce à Dieu, il n'en fut rien. Tout le monde se sentit " chez soi " et il se créa une vraie solidarité entre tous. " Si tous les gars du monde... " devint ici une réalité vivante. (4)
Qu'on nous permette de nous étendre un peu plus longuement sur les départs et arrivées des professeurs. Comme de bien entendu, jamais le personnel enseignant ne fut à ce point bousculé. Au cours des vacances le P. Recteur fit un voyage éclair à Bruxelles pour contacter le personnel enseignant et le persuader que le calme régnait à Bukavu. De l'ancienne équipe restaient: MM. Bussers, Geerts, Zaman, Van der Vorst et Mme Van der Cammen. D'autres avaient été engagés sur place ou en Belgique: M. Slaets (qui venait du pensionnat), Jean Dardenne (ancien élève du collège) remplaçait M. Van der Wilt, passé au collège d'Usumbura, Mme Luyckx. En Préparatoires enseignaient M. Bouthy, Mme Dahin (mère de Guy), Mme Heyneman, Mme Mulkers, Mme De la Sorte, Mme Cocquereau, Mme Morandini, Melle Renier (sœur de Victor) et l'inséparable trio Matthieu-Verstraeten-Hastir, dénommé " les trois mousquetaires ". Les PP. Collin et Bourgeois étaient partis pour le collège d'Usumbura. Les PP. Coen et de Wilde étaient rentrés en Belgique pour leurs études.