Pages
4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95

Répertoire

Nos recteurs

Elèves ayant terminé leurs humanités au Collège, p. 92 - 93

Hommage au
R.P. VAN der STRAETEN


 Page 18

A Pâques déjà, on commençait à se demander où ce flux s'arrêterait et l'on se mit à faire de nouveaux projets d'agrandissement. Un fait pourtant paraissait acquis: l'essor qu'avait pris la colonie durant les années de guerre n'était pas un simple feu de brousse, prêt à s'éteindre: D'autre part, les coloniaux " mokè ", de six à huit ans dont la personnalité semblait fort précoce et qui se montraient, paraît-il, "' indomptables " au Pensionnat Albert 1er, furent acceptés au Collège; on espérait que les bâtiments et les "grands" en imposeraient à ces moutards récalcitrants. Ce fut le début de la division des tout-petits: (9) Relevons en passant une histoire rocambolesque: une nuit le collège fut réveillé en sursaut par un monsieur qu'on avait hébergé à l'infirmerie et qui était devenu fou furieux. Les Frères Maristes, qui logeaient dans les parages, eurent fort à faire pour contenir ce gaillard dans l'infirmerie, transformée en cabanon, où il s'amusait " à tout casser ", (!) c'est le cas de le dire. Payant de courage et d'audace, le P van Cutsem s'approcha… mais en sortit aussitôt avec un œil au beurre noir et les lunettes cassées. Le lendemain, il y avait congé-extra pour la poésie ! Pour rompre la monotonie du second trimestre, les internes organisèrent au mois de février une "grève de la faim" perlée: Sans faire le moindre bruit, ils retournèrent après la prière gentiment leur assiette et... croisèrent les bras. A quatre heures, ils firent de même et le soir aussi Mais le lendemain, au dîner ils déposèrent les armes... (10) ou plutôt ils prirent d'assaut les plats de frites succulentes qu'on avait déposés devant eux. J'entends encore un élève traiter les autres de " lâcheurs" tandis qu'il enfourchait en vitesse les frites, qu'il n'avait nulle envie d'abandonner à ses voisins. (11)Début mars, arriva au collège un Frère, petit de taille et plein de dynamisme, remuant comme un diable dans un bénitier; il venait prendre la place laissée ouverte par "le Broeder": Son arrivée intéressait tous les élèves, car on savait que tôt ou tard on aurait affaire à lui pour une malle à réceptionner, à expédier, à reclouer, pour une ficelle ou un marteau, pour réparer des patins à roulettes ou pour réclamer du linge, bref, pour tout ce dont un interne peut avoir besoin: Digne successeur du "Broeder", le Frère Prouvé dirigeait de main ferme la cohorte des 45 boys, et était l'homme à-tout-faire et à tout entreprendre: Comme à cette époque on était loin de trouver dans les magasins de la "Terre Promise ", ce qu'on désirait. il fallait se débrouiller avec les moyens de bord, et dépanner en toutes circonstances: Il s'occupait de la cuisine, de la buanderie, de la propreté des locaux, des maisons des professeurs; bref, il serait plus facile de dire ce que le "Bwana Frère" ne faisait pas, et par le fait même on ne savait souvent pas où il était… car il était partout à la fois; sauf entre 5 et 6 heures du soir…. où il jouait invariablement au foot, avec ses boys, sur la plaine du collège. (12)